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Numéro 3 (Elle finira par me rattraper)

Posted in Introduisons nous..., Petit trip zerbibien with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on juillet 21, 2010 by cecilezerbib

Bonjour les gens !

Aujourd’hui, pas le temps de vous raconter ma vie. Vraiment pas. Parce qu’il y a évènement dans la maison Zerbib. Non, pas de naissance. Non, pas de mariage. Non, pas d’obtention tardive du baccalauréat. Non. Mardi 20 juillet 2010 est une journée exceptionnelle. Pourquoi ? Pour deux raisons (et non des moindres !) :

Motif n°1 : Parce que c’est mathématique ! Le 20 juillet 2010 donne, si on additionne tous les chiffres : 20+7+2010. Ce qui fait 2037. 2+0+3+7 = 12. Et là, je vois vos grands yeux ébahis ! 1+2 = 3. Formidable ! Génial ! Incroyable ! Le 20 juillet 2010 correspond au chiffre 3. D’après l’arithmomancie (une putain de science exacte !), le 3, c’est tout simplement l’équilibre de l’univers. Sans le 3, impossible de poser une assiette sur un meuble sans qu’elle glisse et se fracasse par terre. Sans le 3, difficile de traverser la cour de récréation à cloche-pied sans glisser et se fracasser par terre. Sans le 3, douloureux d’être un bébé allongé sur une table à langer qui glisse et… se fracasse par terre. Ouais. Hum. Enfin, personnellement, je n’y crois pas. A l’arithmomancie. Déjà parce que je ne parviens pas à le dire à haute voix sans buter et bafouiller comme une imbécile. Aussi parce que je trouve qu’un chiffre en vaut un autre. Si quelqu’un me disait que j’étais un 3, un 7 ou un 1, je serais contente de la même manière. Peut-être parce que je m’en fous éperdument. Je m’en fous avec « transport » (j’aime ce genre d’expression très 19ème siècle. Cela me donne l’impression d’être un personnage d’un roman d’Emile Zola. Evidemment, pas une pauvrette. Une femme qui sait lire, mange chez le préfet avec son ami journaliste et n’a pas de suie sous les ongles… Tant qu’à faire, je préfère l’idée de ne pas me trouver dans Germinal ou dans L’Assommoir… Oui, j’ai des goûts de luxe ! Oui je veux porter des chapeaux à plumes comme au Crazy Horse !)  Parce que j’ai mes propres dogmes. Ils me sont dictés par Geoffrey. Je ne pense pas vous avoir parlé de lui. Je réfléchis. Non, je ne crois pas. Je ne sais pas si je dois le faire. Je ne suis pas sûre que cela lui plaise. Lui qui est tellement discret. Il est contrebassiste. Il ne parle jamais. Il n’aime pas parler. Il faut connaître le langage des cordes pour le comprendre. Il est minuscule et rentre dans une poche. Il s’assoit sur les épaules des gens et joue pendant des heures. Peu l’entendent. Geoffrey est mon ami imaginaire. Et celui de quelques autres qui aiment la musique de chambre.

Motif n°2 : C’est l’anniversaire de la petite sœur !

La toute petite. La toute dernière. Le bébé. Le gros bébé de 25 ans maintenant. 25 ans. Elle finira bien par me rattraper à un moment donné. Moi qui en a un peu plus de 26. Un jour, elle me dépassera. C’est ce que je me disais quand j’étais plus jeune. Beaucoup plus jeune. Vers 6 ou 7 ans. Je me rends compte que j’ai eu l’enfance relativement glauque. Persuadée que j’allais mourir la première. En permanence. La mort comme une obsession qui m’empêchait de dormir. Qui m’ôtait le goût des loisirs et des friandises. Qui me rendait tout insupportable. La simple vue du Panthéon parisien me glaçait le sang (« Tous ces hommes prestigieux » s’exclamait le directeur érudit de mon école primaire… « Tous ces cadavres putréfiés prestigieux » pensais-je en mon for intérieur… Je vous le confirme, j’avais ce genre de vocabulaire à 7 ans. Je faisais peur aux gens, y compris à mes parents…). Elle me nouait tellement le ventre qu’un jour, elle me provoqua une crise d’appendicite aigue. Ce qui me mena tout droit au lieu de villégiature de la « Dame en noir » : l’hôpital. Une semaine d’internat cloué au lit. Les yeux ouverts. Aux aguets. La terrifiante impression qu’elle allait m’emporter à tout moment. Et puis j’ai un peu grandi (pas beaucoup) et je me suis rendue compte que ma sœur ne me rattraperait pas si elle mourrait la première. Cela m’a rassurée pendant un temps. Un temps, seulement. Parce qu’en réalité, une fois ce constat fait, je me suis dit que je préférais finalement mourir avant. Pour ne pas souffrir et ne pas avoir de peine.

Pourquoi je vous dis ça moi ?… Ah oui ! C’est l’anniversaire de ma sœur ! Je lui ai fait de nombreux cadeaux. Majoritairement sots et inutiles. Histoire de changer de ceux qui font plaisir et élèvent l’esprit. J’ai fait des petits paquets ravissants. De toutes les couleurs. Bien pliés. Comme dans les vitrines de Noël des Grands Magasins. Les Grands Magasins sur les Grands Boulevards. Avec des nœuds qui bouclent comme des cheveux d’enfant zerbib sépharade de 4 ans. Avec des paillettes d’or qui collent aux mains.

Et surtout, avec un petit mot dessus. Ceux qui me connaissent et ont eu droit à un cadeau de ma part (je sais qu’il y en a quelques uns parmi vous… Démasquez vous bande de petits sauvageons !) savent fort bien que j’accorde à l’exercice du vœu d’anniversaire une plus grande importance qu’à celui du présent. Car le cadeau n’est qu’un support. Une enveloppe portant le message que vous allez faire passer.  Seul le vœu dit à son destinataire ce que vous pensez profondément de lui. Que vous le trouvez intelligent (cadeau associé : un livre que vous adorez et que vous faites partager à tout ceux qui vous semble capable de le comprendre). Que vous le trouvez beau (cadeau associé : généralement des accessoires poussant la joliesse de la dite personne à son paroxysme). Que vous le trouvez à votre goût (cadeau associé : 2 places pour n’importe quoi. Si la personne en question a quelques grammes de politesse en elle, elle vous amènera avec elle… Ou elle choisira une bonne copine à vous qui lui a tapé dans l’œil. Ça peut arriver aux meilleurs. Pas à moi. Parce que je ne suis pas parmi les meilleurs. J’entretiens une certaine médiocrité dans les « relations amoureuses » afin de n’être déçue de personne. Et ça marche. Je ne crois pas que je doive me réjouir de ce fait. Bizarrement…). Que vous ne pouvez pas le supporter et que vous vous êtes senti obliger de lui faire un cadeau (cadeau associé : la première chose qui vous tombe sous la main. Un présent pourri offert à votre précédent anniversaire. Une plante. Des bougies parfumées à l’anis. Des fleurs du métro. Une boîte de chocolats Mon chéri aux cœurs de cerises non dénoyautées. Un coupe papier. Un petit jardin japonais. Des conneries sans queue ni tête…).

Et mine de rien, l’écriture de ce mot, généralement jeté aux oubliettes ou entassé dans une pile de papiers administratifs, prend du temps. Le choix des verbes. Des adjectifs. De la ponctuation. Un vœu est une composition florale dont on essaie qu’elle soit de bon goût. Légère. Délicate. Raffinée. Et je n’ai toujours pas fini celui de ma sœur. Parce que je la vois tout le temps. Et que tout ce que je pourrais lui écrire me semblerait banal, creux et ennuyeux. Donc j’hésite. Donc je rature. Donc je recommence. Le front brillant de sueur. Sueur d’effort. Sueur de canicule. Sueur de peau grasse à problème acnéique. Et en restant avec vous, je perds davantage de temps. La page de papier blanc reste brillante. Comme de la neige. Je lui souhaite un prince charmant. Des idées merveilleuses à écrire dans ces multiples carnets (oui elle aussi écrit des choses… des choses intelligentes et pleines de réflexions pertinentes sur les doubles lectures. L’art florentin. Henri IV. La décolonisation et Arundhati Roy… C’est sur que cela vole plus haut que des histoires de vomi, de vendeur de tartes ou de voyage à Deauville…). D’agréables odeurs de pelouse fraîchement coupée. Du vent de la mer fouettant son visage. Du sable du désert dans ses chaussures. Des affrontements de regard avec le soleil indomptable. De la joie. Des toiles de De Vinci et du Caravage. Et j’efface tout. Ce n’est pas ça. Ce n’est pas ça que je veux dire. C’est un peu évident de jeter de la poudre magique de bonheur sur sa petite sœur. C’est insuffisant. C’est impersonnel. Je veux lui faire la courte échelle. Lui mettre un trampoline sous les pieds pour qu’elle vole plus haut qu’elle n’aurait jamais pu l’imaginer. Lui installer un moteur sur son vélo pour qu’elle roule plus vite vers là où elle aspirerait aller. Je veux la pousser, la tirer, la propulser, l’envoyer au seuil de la porte de sa vie rêvée. Mais je ne sais pas comment faire ça. Je ne suis pas forte à ce point-là. Je suis juste la grande sœur. Pas beaucoup plus grande. Mais plus grande quand même. Par la force des choses. Par la force du hasard et de cet accident monumental qu’est l’existence… Oh la la ! Je viens de me relire. J’ai du perdre l’esprit. Il y a nécessité absolue que je redescende de mon perchoir pendant quelques minutes.

La page est toujours blanche. Je prends mon stylo noir. A plume d’oie. Très La Fontaine en fin de carrière. Et je n’écris que cela. Je ne sais pas si c’est bien. Mais disons que c’est peut être ce que j’ai trouvé de plus pertinent…

Joyeux anniversaire petite trainée ! (l’insulte change tous les ans. Il faut savoir varier les plaisirs.) 23 ans. 24 ans. Et 25 ans à présent. Si ça continue, tu vas vraiment finir par me rattraper…

Et… Voilà. Je vais partir. Je vais aller donner mon cadeau. Mes cadeaux ridicules et sans importance. Mon mot bizarre et incompréhensible pour qui n’est pas dans ma tête (et ne lit pas mon blog !). Je vous souhaite une excellente soirée pleine d’étoiles et de chaleur. Ainsi qu’un gros ventilateur de film américain.

Avant de vous quitter, une petite annonce : la semaine prochaine, je publierai mon dernier article avant la rentrée de septembre. Je vais donc tenter de l’écrire correctement. Avec des phrases pleines de mots inspirés, caressant l’intelligence et la qualité française.

Je vous serre bien fort dans mes bras. Un peu comme un câlin. Parce que c’est le genre de pratique de tarlouze qui rend désirable (dixit Simone, ma voisine de derrière la cloison).

A bientôt les gens ! A mercredi prochain pour de nouvelles aventures !

C.P.A.

Petite journée ordinaire : du football amateur, un cadeau parfait et une énigme catholique

Posted in Petit trip zerbibien with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on juin 23, 2010 by cecilezerbib

Hello les gens !

Mardi 22 juin 2010 à 22h14. Très longue journée.

Réveil laborieux. Les cheveux dans les yeux. Les yeux dans les cheveux. L’haleine féline indiquant la prise d’un dîner trop riche en cholestérol la veille. Des échos dans les bras. Des chœurs de l’armée soviétique dans les jambes. Un carrousel de chevaux de bois stupides et gueules ouvertes tournant sans cesse dans mon cerveau encore enroulé dans sa couette.

… Oh non ! C’est pas vrai !! Réveil en retard !!! Réveil acompagné de son chapelet de mots impolis. Mal élevés. Mal éduqués. Mangeant les pieds sur la table. Entrant dans une pièce sans frapper. Se curant le nez en public. Crachant sur les trottoirs. Volant les ballons des gosses à la sortie de Disneyland. Des gros mots. Du palabre obèse. Des tricots de lettres obscènes. Des putains. Des merdes. Des bordels. Des chiures. Des chiasses. Des enfoirés. Des cons. Des abrutis. Et tous ceux que j’oublie.

Aux côtés de tout ce beau monde, s’excite la précipitation. Qui fait courir. Qui rend bizarrement efficace. Plus rapide. Douche éclair. Choix de l’habillement sans réflexion. Effectué à un rythme régulier. 90 pulsations à la noire. Tac. Slip. Tac. Soutien-gorge. Tac. Chaussettes. Tac. Tee-shirt. Tac. Pantalons. Tac. Pull. Tac. Chaussures. Tac. Prête pour le maquillage. Pour cette étape, le tempo s’emballe. La faute aux brosses. Aux plumeaux. Aux balayettes. Aux lingettes. Aux poudres. Aux paillettes. Aux couleurs. A tous ces trucs sensés rendre jolie. Ou du moins acceptable en société. Etape réglée en cinq mouvements : mélange. Frottement. Etalement. Retouche. Regard de biais dans le miroir de la salle de bain.

Avant le top-départ, café décapsulé. Descendu à la même vitesse que la première série de shots Tequila citron lors d’un enterrement de vie de garçon dans un sordide club de striptease de bord d’autoroute. Ingurgité à la même cadence que la cuillère d’huile de foie de morue hebdomadaire des filles Ingalls. Tasse vide posée dans l’évier. Avec l’espoir un peu fou qu’elle décide de se laver et de se ranger dans le placard de son propre chef. Entraînant dans son mouvement, les casseroles, les assiettes, les verres et les couverts de la veille. Je crois en ce rêve.  En une vaisselle qui se prend en main. J’espère qu’il se réalisera un jour. En attendant, mes colocataires zerbibiens leur inculquent les rudiments d’hygiène nécessaires…

Et la journée commence. Les transports. Le travail. Le match de l’équipe de France de football en Afrique du Sud. Contre l’Afrique du Sud. Tout le monde qui en parle. Tout le monde qui a un avis sur la question. Tout le monde qui (paradoxalement) s’en fout. Situation bizarre. Comme si toute une entreprise décidait de commenter les couleurs de cravate de son grand chef. Ou d’organiser des élections sur trois semaines pour définir la marque du papier d’imprimante. L’équipe de France qui prend un but. Un deuxième. Presque un troisième. L’équipe de France qui comprend enfin les règles du jeu et met un panier sans le faire vraiment exprès. L’équipe de France qui perd. L’équipe de France qui enlève ses crampons et rentre à la maison. Sous les huées. Les collègues du bureau qui ont la mine triste. Qui y ont cru jusqu’à la dernière seconde. Les collègues qui se sentent obligés de se choisir une nouvelle équipe d’adoption. Pour rester dans la course. Les plus prudents deviennent brésiliens. Argentins. Italiens. Les parieurs impénitents se métissent en coréen. En algérien. En grec. En mexicain. Volonté d’une victoire de seconde main. Pour lever les bras et crier. Pour se peindre le visage en vert. Pour souffler dans des shofars multicolores qui rendraient un éléphant sourd comme un pot.

Reprise du travail. Téléphone. Fax. Mail. Ordre. Contrordre. Priorité. Réunion. Briefing. Prise de note. Compte rendu. Rendez-vous qui se fixe. Rendez-vous qui s’annule. Rendez-vous qui se déplace.

Fin de la journée. Fermeture du bureau. Trousseau de clés qui tinte comme une cloche de Pâques débarquant de Rome.

Nota Bene : Bonjour l’ami Catholique ! Si tu peux m’expliquer cette histoire de cloche, de colombe et de Saint-Esprit en provenance de Rome pendant les fêtes de Pâques, cela serait fort sympathique… Par ailleurs, maintenant que je te tiens, petit catholique perdu et érudit, je voulais savoir s’il y avait une différence entre le « Saint-Esprit » et D-ieu (le D-ieu normal… Celui de tout le monde). Non parce qu’à la fin de vos prières, vous dîtes « Au Nom du père, du fils et du Saint-Esprit »… Qui est le père ? Joseph ? Ce n’était pas D-ieu le père de Jésus ? Quand vous dîtes le fils, vous parlez bien de Jésus ?… Ce n’est pas très clair cette histoire… Non ?

… Reprenons. Au revoir le bureau. A demain. Je vais faire des courses. Anniversaire du grand-frère dans les prochains jours. Date importante. Monsieur Rudy célèbre ses trente ans. Il est loin le temps où il suçait son pouce en regardant « Ca cartoon » le dimanche soir en pyjama. Il est loin le temps où il hurlait à la mort si Mimiche lui confisquait son « Kiki de tous les kiki ». Il est loin le temps des fleurs où l’on n’avait pas peur. Où le printemps avait un goût de miel (ou quelque chose comme ça…). Je cherche un cadeau. Et comme tous les ans, j’ai du mal. Je traîne mes Converse dans le Forum des Halles. Entre dans tous les magasins. Regarde les articles de haut. Un peu comme si la Reine d’Angleterre visitait la Halle aux vêtements de la zone industrielle de Claye-Souilly. Tout est moche. Rien n’est assez bien. Rien n’est à mon goût. Rien ne correspond à mon conception du cadeau. Je téléphone à toute la Terre. A toute la planète Rudy. Je glane des idées ici ou là. Je me rends très rapidement compte que je n’aime jamais les idées des autres. Non qu’elles soient mauvaises. Bien au contraire. Certaines sont même excellentes. Le problème est que je n’apprécie pas de me baser sur des hypothèses incertaines qui ne viennent pas de ma propre tête. Si je dois faire une faute de goût, j’aime autant pouvoir en réclamer la pleine et entière maternité. Question de principe.

Cela me fait d’ailleurs penser à une anecdote racontée il y a quelques années par un ami. Dans sa famille, lors des fêtes de Noël, était organisé un tirage au sort déterminant à qui chaque membre devait faire un présent. Le frère de mon ami était tombé sur son grand-oncle. Pour lui, le choix du présent était évident. Il courut à la FNAC et acheta le plus et gros livre qu’il pouvait trouver sur Fernandel. Le jour de la naissance de Mister JC, le frère rempli de fierté tendit le cadeau à son oncle. Ce dernier l’ouvrit, regarda son neveu, le remercia et ajouta un tonitruant « Super… Mais pourquoi ? ». Il ne comprenait pas la charmante attention. Il n’avait jamais été particulièrement fan de Fernandel. Le frère de mon ami s’était complètement planté. Il a eu la honte de sa vie, a provoqué l’hilarité générale mais a offert un cadeau inoubliable. Partant de cet exemple légèrement désastreux, je me dis que, quitte à être à côté de la plaque, autant s’y trouver à 4 ou 5 kilomètres.

… Au bout de quelques heures d’errance, j’ai fini par trouver mon livre sur Fernandel.

Mon album de Grand Corps Malade (cadeau surprenant de ma sœur pour mes 24 ou 25 ans).

Mon sac vert fluo (cadeau de l’espace que j’ai osé faire à ma sœur pour ses 14 ou 15 ans… Vous noterez qu’elle a la rancune mauvaise. Attendre plus de 10 ans pour me rendre la pareille. Il faut vraiment qu’elle ait l’esprit dérangée…).

Ma chemise noire bling-bling probablement issue de la ligne de vêtement créée en cachette par le fils rappeur de Nicolas Sarkozy (cadeau de mon frère pour mes 26 ans… J’ose imaginer que cet achat est la conséquence d’un pari ridicule avec un autre membre de ma famille. Ou une preuve qu’il me déteste comme je me tue à le dire depuis des années. Cette dernière phrase pourra faire l’objet d’un futur article. Ou pas.).

Mes baskets enclumes (lourde offrande faite à mon père pour son quarantième anniversaire… il s’agissait de chaussures Adidas épaisses comme des parpaings et aussi dangereuses qu’un pavé dans la tronche d’un CRS pendant les révoltes de mai 1968).

Ma paire de boucles d’oreilles de gitane (cadeau que j’ai offert à une amie de 10 ans qui n’a jamais voulu se faire percer les oreilles pour cause de phobie… des aiguilles. Justement.).

Un livre de photographies de Leonardo di Caprio (moi à ma sœur… Il me restait de la monnaie sur le billet de 200 francs que j’avais cassé pour l’occasion…).

Deux petits albums pour rangement de photographies argentiques… à l’heure du numérique (don probablement recyclé d’une connaissance vague qui s’est sentie obligée de m’offrir quelque chose pour mes 20 ans. Ce qui prouve qu’il n’est vraiment jamais utile de se forcer à faire des cadeaux. A moins qu’on veuille se débarrasser de ses vieilleries façon vide-grenier).

Mon nain de jardin (Ah ma jeunesse lycéenne ! Avec un de mes grands copains de l’époque, nous avions établi un concours de cadeau d’anniversaire lamentable. Nous étions plein de ressources. Coffret de livres Harlequin. Kit de jeux de plage pour pré-nourrisson. Décapsuleur-montre Ricard. CD single de Larusso hurlant sa colère contre la méchanceté et la guerre. Le point culminant a été atteint avec le nain. Il a gagné…).

Mon pull à la mode (très à la mode certes. Mais me provoquant des irruptions cutanées proches du psoriasis. Merci maman. Merci papa…).

J’ai mon cadeau. J’ai tout ce qu’il faut. Encore un anniversaire qui risque de devenir historique. Encore un objet à noter dans la liste des présents surprenants car absolument non désirés puisque hors de toute pensée rationnelle. Je me dis que ça reste néanmoins moins sordide qu’une « box » à la con. Pour moi, un des phénomènes les plus flippants en terme de relations humaines. Plus de choix. Plus de réflexion. Plus de prise de tête. On offre le catalogue de la redoute version « prestation de services ». Beurk. Catalogue incomplet qui plus est. Un week-end de rêve à Londres all inclusive… Mais pas de billet de train pour y accéder. Un massage aux trois algues… Mais pas de rinçage postopératoire. Un dîner prestigieux… Mais pas de couvert sur la table. Un relooking total… Mais pas de miroir pour constater les dégâts. Bref… Ne m’offrez JAMAIS ça.

Je rentre à la maison. Je cache ma hotte de Mère Noël en avance ou sacrément en retard. Je dîne en vitesse. Je prends mon ordinateur. Je note quelques bêtises pour égayer (ou pas) votre mercredi. Il est très tard. Mes yeux se ferment. On n’est pas en finale. On n’est pas en finale. On n’est, on n’est, on n’est pas en finale. Fernandel parle à une vache. Fernandel est déguisée en prêtre. Grand Corps Malade ne chante pas mais raconte une histoire sur une musique d’ascenseur. Je reconnais ma petite sœur non plus à sa tignasse électrique mais à son sac luciole qui brille dans la nuit. Ma chemise noire Bling-Bling est impeccable dans la penderie de ma chambre. Attendant son jour de gloire. Papa retire ses baskets avec effort comme s’il s’extirpait d’une armure du XIIIème siècle. J’ai peint mon nain de jardin en vert et l’ai rendu à la forêt son milieu naturel. Tout se mélange. Tout devient noir. Je dors à moitié.

… Donc je vais m’en aller. Je vais vous laisser là. Je vous souhaite une excellente journée. Vous recommande de choisir vos cadeaux seuls avec étude. Car c’est l’intention qui compte. Paraît-il. Ainsi que la beauté de l’emballage. Et surtout (surtout !) la qualité littéraire du petit mot d’accompagnement. Hum. Je crois que tout est dit. Ah non ! Voilà : ce n’est pas parce que la France ne gagnera pas la Coupe du Monde cette année que vous devez négliger votre toilette intime et ne plus faire les démarches nécessaires pour rester désirables. Non mais !

Allez. A bientôt les gens ! Peut-être à vendredi ! Sûrement à mercredi prochain !

C.P.A.