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Vivre dans la matrice

Posted in C'était mieux avant, Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou », Petit trip zerbibien with tags , , , , , , , , , , , , , , , on avril 28, 2010 by cecilezerbib

Bonjour les gens !

Un peu de mal à m’y mettre aujourd’hui. Parce que je me suis couchée tard. Comme d’habitude. Parce que j’ai voulu regarder des films. Comme d’habitude. Parce que j’ai rangé mes DVD et que j’ai eu un regain de nostalgie. Pas comme d’habitude. Ranger. Absolument pas comme d’habitude. Avoir un regain de nostalgie. Encore moins comme d’habitude. Et pourtant, c’est arrivé.

Hier soir, pour retourner quelques heures à mes souvenirs adolescents et estudiantins, j’ai avalé la trilogie MATRIX. D’un seul tenant. A l’enfilade. En rang d’oignons. Façon brochette. Les uns derrière les autres. Comme un paquet de bonbons Haribo.  Avec la même impossibilité de m’arrêter. Et 1. Et 2. Et 3. Je me dis d’ailleurs que le 3ème épisode aurait pu donner lieu à une suite. Puis à une autre. Puis à une autre. Puis à une autre.

Pourquoi pas après tout ? A la fin du troisième épisode, les humains et les machines font une trêve. D’accord. Mais la majorité des humains restent à l’état végétatif. La majorité des humains restent des piles alcalines d’excellentes qualités et non polluantes. Le problème de base, c’est-à-dire l’esclavagisme des êtres humains par les machines, n’est pas (mais alors pas du tout !) résolu. La guerre peut donc reprendre à tout moment.

Néo, en tant qu’apprenti Christ, est un personnage qu’il est possible de réincarner. Et quand bien même Keanu Reeves en aurait marre des combats de Jujitsu sur fond vert, il serait tout à fait concevable de le remplacer par un autre acteur. Pourquoi pas ? Les réalisateurs l’ont bien fait avec l’Oracle. Dans le premier et le second MATRIX, l’Oracle est une femme noire d’une petite soixantaine d’années. Dans le troisième, l’Oracle est une femme noire d’une petite soixantaine d’années… Mais pas la même. D’ailleurs, je me demandais s’ils avaient pensé que les spectateurs ne s’en rendraient pas compte. Partant du principe un peu simpliste que rien ne ressemble plus à une femme noire de 60 piges qu’une autre femme noire de 60 piges. Je ne sais pas. Ce qui est drôle cela dit, c’est qu’ils tentent de nous vendre ce changement de comédienne comme une des conséquences de la matrice dans laquelle l’apparence serait malléable à souhait. Ouais. Pas très convaincant, je trouve. Car si la matrice est si malléable que cela, pourquoi l’Oracle n’est pas devenu un homme de 46 ans portant des cravates moches ? Ou une femme japonaise à kimono proposant des sakés (plutôt que des gâteaux dégueulasses…) ? Ou un enfant blond parlant le danois ?

… Et puis les « sequels » et les « prequels » sont encore la meilleure manière de cachetonner. Pour s’offrir un chalet 8 pièces à Aspen. Faire couvrir sa baignoire de feuilles d’or. Privatiser Disneyland pour une semaine. Se marier au Louvre. Se payer un bunker équipé d’une salle de sport en cas d’attaque nucléaire. Acheter un enfant du Tiers-Monde pour se donner bonne conscience. Un petit noir. Un petit asiatique. Un petit indien. Ou un pot-pourri. Un peu de tout. Se créer sa propre campagne de publicité Benetton. Acquérir des piles et des piles de choses. Grâce à 7 ou 8 films ineptes pour lesquels on a pu imposer des cachets indécents. Grâce à 7 ou 8 films ineptes sonnant le glas d’une carrière déjà bien en dents de scie. Bref.

Revenons au monde réel. Enfin non… Justement. Retournons dans la demeure de M. Smith (un des agents de la matrice… Un méchant quoi !) aux dents vraiment flippantes, bien qu’elles répondent tout à fait aux normes de la bonne santé bucco-dentaire.

Matrix. Hier soir, trilogie. 7 heures de verbiage sur ce qui est vrai et/ou réel. Ou pas. 7 heures de libération de l’humanité. Ou pas. 7 heures de vestes en cuir Mac Douglas et de costumes simili Jean-Paul Gautier. 7 heures de combat sur fond de musique classique passée dans la boîte à rythme de Gold. 7 heures de chiffres verts défilant verticalement sur mon écran. 7 heures dans la matrice en pleine conscience.

Alors, pourquoi MATRIX ? Pourquoi pas « Fight Club » ? Pourquoi pas d’autres films un peu « rock n’ roll » de cette époque ? POURQUOI ?? Je vais tenter de répondre à cette question. Je suis là pour ça aujourd’hui… Et aussi, parce que je vous ai promis d’écrire deux articles par semaine, dont un le mercredi et que justement, on est mercredi. Hum… Pardon. Ayons l’esprit pratique, faisons une liste.

Envie de Keanu Reeves. Parce qu’il est follement décoratif cet homme-là. Et cela, en dépit de ses problèmes de peau. A mon avis, en voilà un qui a du galérer avec l’acné entre 13 et 17 ans.

Envie de voir les changements entre chaque épisode. Déjà Néo. Dans le premier épisode, Néo est un geek un peu ennuyeux et beaucoup trouillard qu’un illuminé considère comme l’Elu. Il porte le caban noir, le polo noir, le pantalon noir et les godillots noirs. Il sait que l’ensemble lui sied tout à fait au teint. Il n’en reste pas moins que lui n’est pas du tout convaincu d’être l’Elu. La preuve, il s’est éclaté la tête à « l’épreuve du saut »… Comme tous ses petits camarades. Qui ne sont pas du tout des élus. Bref. C’est à la fin du premier épisode, qu’on est certain qu’il est l’Elu parce qu’il arrête les balles, sait voler et tue des « agents » par la seule force de son esprit. La grande classe. Dans le deuxième épisode, Néo est plus sûr de lui. Ce qui se voit à sa tenue lorsqu’il est dans la matrice : il porte la soutane. Et pour se battre contre 69 mecs identiques et ceintures noires de Krav Maga en soutane, il faut être sacrément balèze. Ou être un prêtre bagarreur. Au choix. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que le petit Néo est devenu grand. Il est respecté. Des gens lui font des offrandes. C’est dire. En plus, il sort avec la plus jolie fille de son vaisseau. D’un autre côté, ce n’est pas dur puisqu’il s’agit de la seule fille du vaisseau. C’est elle qui avait l’embarras du choix. « Embarras du choix » est une expression qui, pour le coup, convient tout à fait à la situation de la petite demoiselle. Dans le vaisseau, que des moches, des prédicateurs, des hommes mariés et un Néo. Même moi, je n’aurais pas hésité. Et puis, si dans le vrai monde (hors MATRIX… Là je parle de notre monde à nous !), il y a des filles qui trouvent cela prestigieux de sortir avec un avocat, un médecin ou un joueur de golf, je vous laisse imaginer ce qu’il en serait s’il y avait moyen de sortir avec l’Elu. Ce n’est pas la moitié d’une imbécile la Trinity. Trinity est le prénom de Madame Néo. Prénom pourri, certes. Mais prénom qui, en fait, est un pseudonyme. Car les évadés de la matrice sont des pirates informatiques et utilisent des faux noms. Des identités virtuelles. Des avatars. Par exemple, dans mon cas, si j’étais un personnage de MATRIX, je m’appellerais Cécile Par Accident. C’est mon identité de l’Internet. Si j’étais dans le vaisseau de Néo, on m’appellerait « Par Accident » ou « Paracc’ ». Ce qui claque beaucoup moins que Switch, Cypher ou Morpheus. Qu’on se le dise.

Passons à un autre personnage de la série. Morpheus.

Prise de poids monumentale entre le premier et le second épisode. Au moins 10 kilos. Au moins. Une tête qui a doublé de volume. Avec des bajoues. A croire qu’on a arrêté de servir la gelée écœurante aux protéines à la cantine. Et qu’on a ouvert un restaurant de couscous au quartier général de Zion. Sérieusement, il y a une chose que je ne comprends pas dans ces films. Comment expliquer le paradoxe entre, d’un côté, la modernité des vaisseaux et de la cité de Zion, et, de l’autre, la monotonie de la nourriture prémâchée ? Si les hommes ont été capables d’adapter leur technologie à une guerre contre des machines, comment n’ont-il pas pu créer des systèmes pour faire pousser des fruits et légumes et mettre en place des usines de petits pois en boîte ? Ce n’est pas cohérent. C’est comme si je vous disais que je savais faire tous les nœuds nécessaires pour être un bon matelot mais je n’étais pas capable de lacer mes chaussures. Ou que j’avais compris comment poser une division sans savoir multiplier. Vous avez compris l’idée.

Pour revenir à Morpheus, j’apprécie assez le fait qu’on apprenne dans le second épisode qu’il ne créé pas l’unanimité parmi les résistants aux machines. Beaucoup le prennent pour un jobard croyant en une prophétie complètement hasardeuse, dont on apprendra un peu plus tard qu’elle est une création de la matrice elle-même. Un peu comme si votre mère avait tué votre chien sans le faire exprès et vous faisait croire qu’elle l’avait amené chez une tante dont vous n’avez jamais entendu parler et qui vivrait « très loin » à la campagne. Quel con ce Morpheus. Quel con car ce n’est pas parce qu’il va apprendre l’origine de la prophétie qu’il va arrêter d’y croire. Pour reprendre la métaphore précédente, c’est comme s’il avait appris que TOUS les parents prétextant un déménagement du chien de la famille à la campagne mentaient, mais qu’il se disait que SA mère A LUI avait vraiment fait le trajet jusqu’à la banlieue de Limoges pour le bien-être d’un (putain !!) de clébard. Non mais quel con !!

Néanmoins, pour sa défense, beaucoup ont aussi foi en lui et en sa mission (trouver le sauveur de l’humanité). Il est porteur d’espoir et par conséquent, provoque des émeutes de rock star lors des assemblées Ragga Dance Hall au centre de la Terre. Car ce n’est pas parce que les machines attaquent avec fermeté que les humains se laissent mourir. Loin sans faux. Ça s’éclate bien à Zion. Ça fait des fêtes. Ça baise en groupe. Ça se dispute les jolies filles. Ça se bastonne. Ça peut avoir des vannes mesquines. Ça vit comme dans n’importe quelle ville. Hormis que dans n’importe quelle ville, peu de filles oseraient le tee-shirt à grosses résilles en boîte de nuit. En tout cas, dans une boîte de nuit lambda où les filles en question seraient des clientes et non à la recherche de clients.

Pour finir, Trinity.

La bourgeoise de Néo. Une grande bagarreuse à yeux bleus dans le premier épisode. Une grande bagarreuse à yeux bleus et amoureuse dans les deux autres épisodes. Rien à ajouter de particulier. Ah si ! Si, bien entendu ! J’allais oublier. Elle meurt à la fin de la trilogie. Deux gros tuyaux de 15 centimètres de diamètre lui traversent l’estomac. Un sale accident de vaisseau. Agonie d’un quart d’heure. Ce qui prouve une forme physique exceptionnelle. Exceptionnelle. Vraiment. La fille parle pendant 10 minutes de ce qu’elle a toujours voulu dire à Néo. Ce qu’elle a dit mais ne pensait pas vraiment. Ce qu’elle pensait mais ne trouvait pas approprier de dire. Etcetera. Etcetera. Pour résumer : Néo est probablement soulagé de la voir se vider de son sang. Et dire que s’il n’y avait pas eu cette guerre contre les machines, il se serait coltiné cette emmerdeuse pendant 30 ans…

Envie de lunettes de soleil. J’aime bien celles de Morpheus dans le premier épisode. Sans branche. Ne tenant qu’à l’aide de l’arête du nez. Il faut savoir qu’en 1998, ce genre de lunettes faisait effectivement très futuriste. Les choses changent…

Envie de robots tueurs d’humains en forme de spermatozoïdes… Spermatozoïdes étranges car avec plusieurs queues et brillant dans la nuit. Cela dit, si on continue tous à bouffer des légumes couverts d’insecticides et transformés génétiquement, il y a des risques pour qu’ils deviennent comme ça.

Envie de téléphone à cadran des années 60 faisant également office d’objet de téléportation entre la réalité et la matrice. Comme quoi le téléphone à fil reste définitivement le meilleur moyen de communiquer.

Envie d’écouter les prédictions sans queue ni tête d’une Oracle bouffeuse de cookies Alsa et de bonbons cristaux. Définitivement, l’Oracle aurait été un personnage plus cool et sympa si elle portait une cravate moche, offrait le saké et parlait le danois. Mais, ça, c’est une question de point de vue.

Envie de voir de jeunes personnes bien proportionnées pratiquer le karaté dans des vêtements en latex avec la même dextérité que Walker Texas Ranger. Au ralenti qui plus est.

Envie de finir le visionnage de ces films en regardant mon salon de travers et en me disant dans ma tête que peut-être que tout  ce qui m’entoure est une illusion. Qu’en réalité, je flotte dans un tube à essai à taille humaine. Dans le formol. A poil depuis ma création. A poil mais sans poil. Sans cheveux. Raccordée à des câbles comme une imprimante. Ou une télévision. Ou un téléphone portable. Peu importe. Rêvant en permanence. Rêvant pour tout. Rêvant pour rien. Rêvant du pire. Rêvant du meilleur. Rêvant la vie. Rêvant mes rêves. Rêvant de travailler. Rêvant d’aller aux toilettes. Rêvant de rire avec mes amis. Rêvant de manger. Rêvant de pleurer. Rêvant mon stress. Rêvant de courir. Rêvant de mourir. Rêvant de craindre. Rêvant d’aimer.

… Pour tout ça, j’ai regardé la trilogie MATRIX hier soir. Mais aussi, et ça, j’ai oublié de la préciser, parce que je trouve que cela fait longtemps que je n’ai pas parlé de cinoche sur ce blog. Et que ça fait du bien. Et que ça me fait plaisir.

Je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. Je vous souhaite une excellente soirée. Vous recommande de ne pas tenter de voler en sautant de votre immeuble même si le monde ne vous paraît pas assez réel. Car c’est dangereux. Et qu’il n’y a rien de moins désirable qu’un de mes lecteurs écrasés sur le bitume comme un chewing-gum Freedent sur le quai de la gare de Joinville le Pont.

A bientôt les gens ! A vendredi !

C.P.A.