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Vivre dans la matrice

Posted in C'était mieux avant, Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou », Petit trip zerbibien with tags , , , , , , , , , , , , , , , on avril 28, 2010 by cecilezerbib

Bonjour les gens !

Un peu de mal à m’y mettre aujourd’hui. Parce que je me suis couchée tard. Comme d’habitude. Parce que j’ai voulu regarder des films. Comme d’habitude. Parce que j’ai rangé mes DVD et que j’ai eu un regain de nostalgie. Pas comme d’habitude. Ranger. Absolument pas comme d’habitude. Avoir un regain de nostalgie. Encore moins comme d’habitude. Et pourtant, c’est arrivé.

Hier soir, pour retourner quelques heures à mes souvenirs adolescents et estudiantins, j’ai avalé la trilogie MATRIX. D’un seul tenant. A l’enfilade. En rang d’oignons. Façon brochette. Les uns derrière les autres. Comme un paquet de bonbons Haribo.  Avec la même impossibilité de m’arrêter. Et 1. Et 2. Et 3. Je me dis d’ailleurs que le 3ème épisode aurait pu donner lieu à une suite. Puis à une autre. Puis à une autre. Puis à une autre.

Pourquoi pas après tout ? A la fin du troisième épisode, les humains et les machines font une trêve. D’accord. Mais la majorité des humains restent à l’état végétatif. La majorité des humains restent des piles alcalines d’excellentes qualités et non polluantes. Le problème de base, c’est-à-dire l’esclavagisme des êtres humains par les machines, n’est pas (mais alors pas du tout !) résolu. La guerre peut donc reprendre à tout moment.

Néo, en tant qu’apprenti Christ, est un personnage qu’il est possible de réincarner. Et quand bien même Keanu Reeves en aurait marre des combats de Jujitsu sur fond vert, il serait tout à fait concevable de le remplacer par un autre acteur. Pourquoi pas ? Les réalisateurs l’ont bien fait avec l’Oracle. Dans le premier et le second MATRIX, l’Oracle est une femme noire d’une petite soixantaine d’années. Dans le troisième, l’Oracle est une femme noire d’une petite soixantaine d’années… Mais pas la même. D’ailleurs, je me demandais s’ils avaient pensé que les spectateurs ne s’en rendraient pas compte. Partant du principe un peu simpliste que rien ne ressemble plus à une femme noire de 60 piges qu’une autre femme noire de 60 piges. Je ne sais pas. Ce qui est drôle cela dit, c’est qu’ils tentent de nous vendre ce changement de comédienne comme une des conséquences de la matrice dans laquelle l’apparence serait malléable à souhait. Ouais. Pas très convaincant, je trouve. Car si la matrice est si malléable que cela, pourquoi l’Oracle n’est pas devenu un homme de 46 ans portant des cravates moches ? Ou une femme japonaise à kimono proposant des sakés (plutôt que des gâteaux dégueulasses…) ? Ou un enfant blond parlant le danois ?

… Et puis les « sequels » et les « prequels » sont encore la meilleure manière de cachetonner. Pour s’offrir un chalet 8 pièces à Aspen. Faire couvrir sa baignoire de feuilles d’or. Privatiser Disneyland pour une semaine. Se marier au Louvre. Se payer un bunker équipé d’une salle de sport en cas d’attaque nucléaire. Acheter un enfant du Tiers-Monde pour se donner bonne conscience. Un petit noir. Un petit asiatique. Un petit indien. Ou un pot-pourri. Un peu de tout. Se créer sa propre campagne de publicité Benetton. Acquérir des piles et des piles de choses. Grâce à 7 ou 8 films ineptes pour lesquels on a pu imposer des cachets indécents. Grâce à 7 ou 8 films ineptes sonnant le glas d’une carrière déjà bien en dents de scie. Bref.

Revenons au monde réel. Enfin non… Justement. Retournons dans la demeure de M. Smith (un des agents de la matrice… Un méchant quoi !) aux dents vraiment flippantes, bien qu’elles répondent tout à fait aux normes de la bonne santé bucco-dentaire.

Matrix. Hier soir, trilogie. 7 heures de verbiage sur ce qui est vrai et/ou réel. Ou pas. 7 heures de libération de l’humanité. Ou pas. 7 heures de vestes en cuir Mac Douglas et de costumes simili Jean-Paul Gautier. 7 heures de combat sur fond de musique classique passée dans la boîte à rythme de Gold. 7 heures de chiffres verts défilant verticalement sur mon écran. 7 heures dans la matrice en pleine conscience.

Alors, pourquoi MATRIX ? Pourquoi pas « Fight Club » ? Pourquoi pas d’autres films un peu « rock n’ roll » de cette époque ? POURQUOI ?? Je vais tenter de répondre à cette question. Je suis là pour ça aujourd’hui… Et aussi, parce que je vous ai promis d’écrire deux articles par semaine, dont un le mercredi et que justement, on est mercredi. Hum… Pardon. Ayons l’esprit pratique, faisons une liste.

Envie de Keanu Reeves. Parce qu’il est follement décoratif cet homme-là. Et cela, en dépit de ses problèmes de peau. A mon avis, en voilà un qui a du galérer avec l’acné entre 13 et 17 ans.

Envie de voir les changements entre chaque épisode. Déjà Néo. Dans le premier épisode, Néo est un geek un peu ennuyeux et beaucoup trouillard qu’un illuminé considère comme l’Elu. Il porte le caban noir, le polo noir, le pantalon noir et les godillots noirs. Il sait que l’ensemble lui sied tout à fait au teint. Il n’en reste pas moins que lui n’est pas du tout convaincu d’être l’Elu. La preuve, il s’est éclaté la tête à « l’épreuve du saut »… Comme tous ses petits camarades. Qui ne sont pas du tout des élus. Bref. C’est à la fin du premier épisode, qu’on est certain qu’il est l’Elu parce qu’il arrête les balles, sait voler et tue des « agents » par la seule force de son esprit. La grande classe. Dans le deuxième épisode, Néo est plus sûr de lui. Ce qui se voit à sa tenue lorsqu’il est dans la matrice : il porte la soutane. Et pour se battre contre 69 mecs identiques et ceintures noires de Krav Maga en soutane, il faut être sacrément balèze. Ou être un prêtre bagarreur. Au choix. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que le petit Néo est devenu grand. Il est respecté. Des gens lui font des offrandes. C’est dire. En plus, il sort avec la plus jolie fille de son vaisseau. D’un autre côté, ce n’est pas dur puisqu’il s’agit de la seule fille du vaisseau. C’est elle qui avait l’embarras du choix. « Embarras du choix » est une expression qui, pour le coup, convient tout à fait à la situation de la petite demoiselle. Dans le vaisseau, que des moches, des prédicateurs, des hommes mariés et un Néo. Même moi, je n’aurais pas hésité. Et puis, si dans le vrai monde (hors MATRIX… Là je parle de notre monde à nous !), il y a des filles qui trouvent cela prestigieux de sortir avec un avocat, un médecin ou un joueur de golf, je vous laisse imaginer ce qu’il en serait s’il y avait moyen de sortir avec l’Elu. Ce n’est pas la moitié d’une imbécile la Trinity. Trinity est le prénom de Madame Néo. Prénom pourri, certes. Mais prénom qui, en fait, est un pseudonyme. Car les évadés de la matrice sont des pirates informatiques et utilisent des faux noms. Des identités virtuelles. Des avatars. Par exemple, dans mon cas, si j’étais un personnage de MATRIX, je m’appellerais Cécile Par Accident. C’est mon identité de l’Internet. Si j’étais dans le vaisseau de Néo, on m’appellerait « Par Accident » ou « Paracc’ ». Ce qui claque beaucoup moins que Switch, Cypher ou Morpheus. Qu’on se le dise.

Passons à un autre personnage de la série. Morpheus.

Prise de poids monumentale entre le premier et le second épisode. Au moins 10 kilos. Au moins. Une tête qui a doublé de volume. Avec des bajoues. A croire qu’on a arrêté de servir la gelée écœurante aux protéines à la cantine. Et qu’on a ouvert un restaurant de couscous au quartier général de Zion. Sérieusement, il y a une chose que je ne comprends pas dans ces films. Comment expliquer le paradoxe entre, d’un côté, la modernité des vaisseaux et de la cité de Zion, et, de l’autre, la monotonie de la nourriture prémâchée ? Si les hommes ont été capables d’adapter leur technologie à une guerre contre des machines, comment n’ont-il pas pu créer des systèmes pour faire pousser des fruits et légumes et mettre en place des usines de petits pois en boîte ? Ce n’est pas cohérent. C’est comme si je vous disais que je savais faire tous les nœuds nécessaires pour être un bon matelot mais je n’étais pas capable de lacer mes chaussures. Ou que j’avais compris comment poser une division sans savoir multiplier. Vous avez compris l’idée.

Pour revenir à Morpheus, j’apprécie assez le fait qu’on apprenne dans le second épisode qu’il ne créé pas l’unanimité parmi les résistants aux machines. Beaucoup le prennent pour un jobard croyant en une prophétie complètement hasardeuse, dont on apprendra un peu plus tard qu’elle est une création de la matrice elle-même. Un peu comme si votre mère avait tué votre chien sans le faire exprès et vous faisait croire qu’elle l’avait amené chez une tante dont vous n’avez jamais entendu parler et qui vivrait « très loin » à la campagne. Quel con ce Morpheus. Quel con car ce n’est pas parce qu’il va apprendre l’origine de la prophétie qu’il va arrêter d’y croire. Pour reprendre la métaphore précédente, c’est comme s’il avait appris que TOUS les parents prétextant un déménagement du chien de la famille à la campagne mentaient, mais qu’il se disait que SA mère A LUI avait vraiment fait le trajet jusqu’à la banlieue de Limoges pour le bien-être d’un (putain !!) de clébard. Non mais quel con !!

Néanmoins, pour sa défense, beaucoup ont aussi foi en lui et en sa mission (trouver le sauveur de l’humanité). Il est porteur d’espoir et par conséquent, provoque des émeutes de rock star lors des assemblées Ragga Dance Hall au centre de la Terre. Car ce n’est pas parce que les machines attaquent avec fermeté que les humains se laissent mourir. Loin sans faux. Ça s’éclate bien à Zion. Ça fait des fêtes. Ça baise en groupe. Ça se dispute les jolies filles. Ça se bastonne. Ça peut avoir des vannes mesquines. Ça vit comme dans n’importe quelle ville. Hormis que dans n’importe quelle ville, peu de filles oseraient le tee-shirt à grosses résilles en boîte de nuit. En tout cas, dans une boîte de nuit lambda où les filles en question seraient des clientes et non à la recherche de clients.

Pour finir, Trinity.

La bourgeoise de Néo. Une grande bagarreuse à yeux bleus dans le premier épisode. Une grande bagarreuse à yeux bleus et amoureuse dans les deux autres épisodes. Rien à ajouter de particulier. Ah si ! Si, bien entendu ! J’allais oublier. Elle meurt à la fin de la trilogie. Deux gros tuyaux de 15 centimètres de diamètre lui traversent l’estomac. Un sale accident de vaisseau. Agonie d’un quart d’heure. Ce qui prouve une forme physique exceptionnelle. Exceptionnelle. Vraiment. La fille parle pendant 10 minutes de ce qu’elle a toujours voulu dire à Néo. Ce qu’elle a dit mais ne pensait pas vraiment. Ce qu’elle pensait mais ne trouvait pas approprier de dire. Etcetera. Etcetera. Pour résumer : Néo est probablement soulagé de la voir se vider de son sang. Et dire que s’il n’y avait pas eu cette guerre contre les machines, il se serait coltiné cette emmerdeuse pendant 30 ans…

Envie de lunettes de soleil. J’aime bien celles de Morpheus dans le premier épisode. Sans branche. Ne tenant qu’à l’aide de l’arête du nez. Il faut savoir qu’en 1998, ce genre de lunettes faisait effectivement très futuriste. Les choses changent…

Envie de robots tueurs d’humains en forme de spermatozoïdes… Spermatozoïdes étranges car avec plusieurs queues et brillant dans la nuit. Cela dit, si on continue tous à bouffer des légumes couverts d’insecticides et transformés génétiquement, il y a des risques pour qu’ils deviennent comme ça.

Envie de téléphone à cadran des années 60 faisant également office d’objet de téléportation entre la réalité et la matrice. Comme quoi le téléphone à fil reste définitivement le meilleur moyen de communiquer.

Envie d’écouter les prédictions sans queue ni tête d’une Oracle bouffeuse de cookies Alsa et de bonbons cristaux. Définitivement, l’Oracle aurait été un personnage plus cool et sympa si elle portait une cravate moche, offrait le saké et parlait le danois. Mais, ça, c’est une question de point de vue.

Envie de voir de jeunes personnes bien proportionnées pratiquer le karaté dans des vêtements en latex avec la même dextérité que Walker Texas Ranger. Au ralenti qui plus est.

Envie de finir le visionnage de ces films en regardant mon salon de travers et en me disant dans ma tête que peut-être que tout  ce qui m’entoure est une illusion. Qu’en réalité, je flotte dans un tube à essai à taille humaine. Dans le formol. A poil depuis ma création. A poil mais sans poil. Sans cheveux. Raccordée à des câbles comme une imprimante. Ou une télévision. Ou un téléphone portable. Peu importe. Rêvant en permanence. Rêvant pour tout. Rêvant pour rien. Rêvant du pire. Rêvant du meilleur. Rêvant la vie. Rêvant mes rêves. Rêvant de travailler. Rêvant d’aller aux toilettes. Rêvant de rire avec mes amis. Rêvant de manger. Rêvant de pleurer. Rêvant mon stress. Rêvant de courir. Rêvant de mourir. Rêvant de craindre. Rêvant d’aimer.

… Pour tout ça, j’ai regardé la trilogie MATRIX hier soir. Mais aussi, et ça, j’ai oublié de la préciser, parce que je trouve que cela fait longtemps que je n’ai pas parlé de cinoche sur ce blog. Et que ça fait du bien. Et que ça me fait plaisir.

Je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. Je vous souhaite une excellente soirée. Vous recommande de ne pas tenter de voler en sautant de votre immeuble même si le monde ne vous paraît pas assez réel. Car c’est dangereux. Et qu’il n’y a rien de moins désirable qu’un de mes lecteurs écrasés sur le bitume comme un chewing-gum Freedent sur le quai de la gare de Joinville le Pont.

A bientôt les gens ! A vendredi !

C.P.A.

Pessah : le jour où les Hébreux inventèrent l’Eurostar…

Posted in Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou », Petit trip zerbibien with tags , , , , , , , , , , , on mars 31, 2010 by cecilezerbib

Hello les gens,

Depuis lundi, une comptine (un peu remasterisée par mes soins) me trotte dans la tête… En traversant la Mer Rouge à pieds, nous avons rencontré… Un grand chemin de fer qui nous a emmenés, tout autour de la Terre dans un wagon doré… Glauque, n’est ce pas ? Le wagon. La Shoah. Le tour de la Terre. La Diaspora. Je me rends compte que je fais de l’humour ashkénaze bizarre sans le faire exprès. Ce qui tend à rendre crédible l’hypothèse de l’un de mes amis. Un ami ashkénaze évidemment. Qui pense que, dans une autre vie, j’ai du commettre un forfait terrible comme de cacher des baies roses dans une salade Norvégienne ou de manger une choucroute avec du Ketchup, ce qui entraîna le courroux divin. « Celui dont on ne prononce pas le nom » (je parle bien de D-ieu là… Pas de Voldemort…) aurait donc prononcé sa sentence. Je cite (en substance) :

Toi, Yentl (parce que dans ma vie précédente, je m’appellerais Yentl et ressemblerais comme deux gouttes d’eau à Barbra Streisand), tes délires culinaires étant l’acte de Satan, tu seras condamnée à l’ultime peine !! (voix retentissante qui fait froid dans le dos. Avec les poils qui se soulèvent. C’est le Tout-Puissant qui parle tout de même ! Il ne peut pas avoir la voix de Tatayet…)… Tu vivras une vie de souffrance et d’incompréhension. Tu auras chaud. Tu auras les cheveux noirs. Les yeux noirs. Les pieds noirs. Finies les vodkas party avec les copains du Shtetl. Désormais, tu vas en bouffer du couscous ma grande ! Ah Ah Ah !!!

Et paf ! Le Grand Patron m’aurait jeté dans le corps d’un bébé Zerbib Sépharade. Sauf que dans ma tête, je serais restée une consommatrice de carpe farcie et de blagues douteuses. Théorie intéressante. Bien qu’invérifiable. Heureusement ou malheureusement. Encore une fois, question de point de vue.

… Tout autour de la Terre, nous avons rencontré… La Lune et les étoiles dans un bateau à voile… Etrange. La Lune et les étoiles dans un bateau à voile. Il y a rime certes. Mais c’est n’importe quoi. Aucun bateau à voile ne serait assez grand pour contenir la Lune. Deux ou trois étoiles, pourquoi pas. J’ai comme l’impression que l’auteur du texte original tente de nous faire passer des vessies pour des lanternes. Des pigeons pour des colombes. Des poneys pour des chevaux. Des chansons de Christophe Maé pour des chansons de Bob Marley. Mais à quelle fin ? Bruit de bouche signifiant que je n’en ai aucune idée. Et qu’en prime, je m’en balance éperdument.

… Tout ça pour dire que je n’ai pas travaillé sur mon article et que j’écris en totale improvisation. D’aucuns diront que j’aurais pu faire un effort. Que le lundi et le mardi ne sont pas faits pour les chiens. Même si rien ne prouve qu’à la base ces deux jours n’aient pas été créés pour eux. Rien. Pas moins que pour les chats ou les otaries en tout cas. Bref. Lundi et mardi, je n’ai touché ni à ma plume, ni à mon petit carnet de cuir sadomasochiste, ni à mon clavier de sténodactylo des années 40. J’avais mieux à faire. Je pratiquais une activité à la mode. A la mode de « chez nous ». « Chez nous » dans le sens « nous, les Zerbib Sépharades ». Lundi et mardi étaient des jours de fête et non des moindres, parce qu’il s’agissait de notre libération d’Egypte. Il y a quelques années. Quelques centaines d’années. Oui, nous n’avons pas la mémoire courte. Il faut dire que, pour citer les écritures (c’est toujours mieux que de dire des conneries…), « Les Égyptiens nous traitèrent avec méchanceté, ils nous firent souffrir et ils nous imposèrent de rudes travaux »… Soyons précis. Que sont-ce de « rudes travaux » ? C’est simple. Allez sur Google Images et tapez « Egypte ». Plein de monuments en grosses pierres. Des obélisques. Des portails gargantuesques. C’est très joli mais à mon avis, pour déplacer les pavés et les gravillons, il était nécessaire de s’y mettre à plusieurs. Oui, vous avez bien compris : les Hébreux étaient les ouvriers sans papier de l’époque. Les coups de fouet en plus. Ce qui prouve que l’humanité a fait de (très légers) progrès. Lundi et mardi, moi et ma famille légèrement étendue (car les fêtes ont la vertu de faire grossir les familles comme la nourriture un ténia) avons recréé les Dix Commandements de Cécil B. de Mille dans nos têtes. Pour me rassurer, je me dis que c’est mieux que de revivre la version mise en scène par Elie Chouraqui. Mine de rien, c’est plus amusant de voir une pestilence verte fluo poursuivre de vilains égyptiens en collerettes d’aluminium que d’entendre geindre des textes de Lionel Florence. En tout cas, moi je préfère. Remarquez, je ne suis pas objective. J’adore ce film. Le film de Cecil B. de Mille. Pour une seule raison : il me fait mourir de rire. Vraiment. Ce film est magique. Il détient tous les éléments qui en font pour moi, un film culte.

L’art du déguisement

Charlton Eston, déguisé tantôt en égyptien à mono couette et jupette, tantôt en hébreu à barbe de père Noël parlant sans gêne au nom de D-ieu. Impressionnant.

De l’époque où l’Actor’s studio n’existait pas encore

Le jeu théâtral qui pousse tous les comédiens à déclamer leurs sentiments en grimaçant. Parce que lorsqu’on pleure, on grimace. C’est logique. Le même jeu naturel qui vous dégoûterait presque d’embrasser qui que ce soit. Il suffit de voir comment Charlton attrape Néfertari, la pharaonne volage.

Petite aparté. Je défends cette fabricante de cocu antique. Oui, messieurs. Oui, mesdames. Parce que je vous rappelle qu’elle a été mariée de force avec son frère. Ce qui n’est pas très sain. A moins qu’on apprécie l’idée d’avoir des enfants qui ont les rotules à la place des yeux. Et deuxième argument, le mari en question a toujours des costumes trop petits qui le forcent à rentrer le ventre. Pas génial non plus.

… Et on rattrape la balle au rebond ! Le baiser de Charlton et de la pharaonne. Ne fait pas rêver la ménagère. En tout cas pas celle qui repose, bien assoupie, presque morte, en moi. Charlton chope la gosse comme une pinte de bière écossaise. A la cosaque. L’embrasse comme il la giflerait. A grandes volées. Prend ses bras dans ses mains comme un aigle prendrait un morceau de gigot dans ses serres. Beurk. Charlton Eston. Beurk. Le corps couvert d’huile de bronzage. La mèche blonde frisotante. Charlton Eston est le Schwarzenegger des années 60. Et qu’on se le dise, Moïse avait beau être le porte-parole de D-ieu, avoir ouvert la Mer Rouge en deux avec un bâton capable de se transformer en cobra (je veux cet accessoire !!), il n’avait rien de Conan le Barbare.

Je ne sais plus comment on en est arrivé là. Désolée. J’écris cet article entre 4 « urgences », un téléphone particulièrement décidé à m’embêter et une nouvelle voisine de bureau au verbe haut. Je détaille : au verbe non seulement haut mais également rapide et incessant. Ce qui peut expliquer ma difficulté à être claire et concise.

Des phrases chocs

C’est un véritable festival de l’humour. Chaque personnage a évidemment sa minute de gloire. Surtout les femmes. Elles sont belles. Elles sont sapées comme des reines du pétrole. Elles n’ont pas peur de la paillette, du strass et du gloss. Elles manient le verbe comme une arme de poing. A défaut d’avoir des muscles saillants… Celle que je placerai en tête de gondole, c’est Nefertari. Parce qu’elle a des robes que je rêverais d’avoir mais dont je ne saurais évidemment pas quoi faire. Elle, elle les porte. C’est ma poupée Barbie cinématographique. Nefertari est également ma petite préférée parce qu’elle a la vanne la plus cool et sympa du film. Contexte. Elle apprend par une servante, Memnet (qui ne fera pas long feu… Lire la suite…) que Moïse est en fait un hébreu adopté par la sœur du pharaon. Ce que tout le monde ignore. Ou fait semblant d’ignorer. Memnet menace Nefertari de divulguer ce secret afin de s’assurer que Moïse ne montera pas sur le trône d’Egypte et par conséquent, ne portera jamais la couronne blanche en plexiglas qui probablement brille dans la nuit (et fait son petit effet en soirée). Nefertari qui, malgré ses belles robes et ses dents blanches, est une sacrée friponne, tente de faire taire l’insolente par une menace. Une menace terrible. Une menace qui, normalement, aurait du l’inquiéter. Je cite : ta langue creusera ta tombe Memnet. Personnellement, si quelqu’un me sortait cette phrase, je garderais le silence. Peut-être parce que je sais ce qui arrive à ceux qui justement ont une langue en forme de pelle. Pauvre Memnet. En voilà une qui (oups !) s’est trop penchée en regardant par la fenêtre. Et surtout qui aurait mieux fait de fermer sa grande gueule. Sérieusement. Elle est servante. Elle n’a aucun intérêt particulier à déterrer le secret de Moïse. Ce n’est pas comme si elle était une cousine de second degré qui pourrait grappiller des miettes de pouvoir. Que dalle. Memnet, c’est juste une employée zélée qui balance ceux qui piquent des stylos ou arrivent en retard au bureau le matin. Comme quoi, il faut vraiment toujours se méfier de ses supérieurs. Et éviter de faire de la lèche. Incontestablement, cela ne lui a pas servi.

R.I.P. Memnet.

La deuxième gonzesse que j’apprécie, c’est Séphora. L’épouse aimante de Moïse. Et patiente aussi. Parce qu’être l’épouse d’un prophète n’est pas de tout repos. Exemple : il va chercher une de ses chèvres perdues dans la montagne. Grimpe. Grimpe. Grimpe. Il est fort. Il est vaillant. Il a le bronzage doré. Il a une barbe de trois jours. Il est l’Homme Hugo Boss avant l’heure. En 5 minutes, il redescend. Et paf ! Ce n’est plus du tout le même homme. Il a le regard illuminé. Normal, il a vu un arbuste en feu. Il a entendu une voix. Il doit libérer ses frères. Tout de suite. Maintenant. Il veut partir. Sans attendre que la machine de blanc soit terminée. Et si ce n’était que ça ! Le mec a pris 30 ans dans les dents. En 5 minutes ! Parce qu’il a vu un arbuste en feu. Parce qu’il a entendu une voix. Parce qu’il doit libérer ses frères. Si cela arrivait de nos jours, Moïse serait parti tout seul en Egypte. Séphora aurait lancé une procédure. Il ne lui avait pas vendu ce genre de vie. Elle aurait besoin de se retrouver seule pour y penser. Elle aurait besoin d’un break. Sauf que Séphora est une femme à l’ancienne. Et Moïse, ses cheveux gris, sa barbe désordonnée et son bâton de berger magique (que je veux me faire offrir pour Noël) peuvent compter sur elle. C’est beau. Séphora est aussi une personne extrêmement intelligente dans la mesure où elle a capturé l’attention de son mari en faisant, ce que j’appelle, de la « non-drague ».

La « non-drague » est en réalité une technique de drague. L’idée est de faire penser à la personne visée qu’on ne s’intéresse pas du tout à elle. Exemple pratique : prenons le cas de Séphora. Lorsque Moïse débarque dans la vie de la famille de Jétro (le père de Séphopho… Pardon mais c’était pour la rime…), ce dernier qui est bien encombré avec 7 greluches dans sa tente Quechua, veut lui en coller une sur les bras. Moïse aurait le choix du roi. Il montrerait du doigt et la désignée deviendrait son épouse. Le souci est que Moïse est littéralement hanté par le souvenir de Nefertari (avec qui il jouait à touche-pipi dans la salle du Trône depuis des années) et de son Chanel numéro 5. Il ne veut pas choisir. Jetro, de nature orientale lourdingue, insiste et sous-entend qu’il serait offensé s’il n’en prenait pas une. Et de préférence, celle qui avait le meilleur coup de fourchette. Moïse se voit contraint d’accepter. Jetro organise donc une petite cérémonie où les pouffiasses doivent effectuer une danse des 7 voiles pour séduire l’homme Malboro sans cheval. Les dites pouffiasses, précisons-le, étant plus qu’excitées à l’idée de se marier et d’acquérir leur propre bouteille de Butagaz. Et c’est là que Séphora a trouvé la feinte pour se faire choisir. Elle refuse de danser pour Moïse. Elle se met en mode « femme libérée ». Elle se démarque du lot.

Et Moïse qui ne demande que nouveauté et surprise la voit enfin comme une potentielle partenaire de vie, de lit et de pique-niques dans le bois de Vincennes. La grande classe. Ce que j’aime le plus chez Séphora, c’est qu’elle a l’intelligence des « filles du vingtième siècle » mais avec un vocabulaire d’époque. Je reprends ses mots lorsqu’elle parle de Nerfetari : Le vin du désir coule dans ses veines. Sous-texte : Néfertari est une catin couverte de satin. Tin-tin-tin. Elle a compris que Nefertari était une bombasse qui n’avait pas peur de serrer la main au « loup » et qu’elle ne pourrait jamais rivalisée. Elle a donc pris la porte de secours. Bravo Madame.

… Euh. Ça sera tout pour aujourd’hui. Je voulais vous parler de Pessah et je crois être passée à côté de mon sujet. Tant pis. Vous souhaite une excellente soirée. Vous recommande de regarder les Dix Commandements de Cecil B. de Mille, bien mon approche puisse vous en dissuader. Si je vous dis que cela vous rendrait désirables, vous le feriez ?

A bientôt les gens ! A vendredi !

C.P.A.

Le premier cinéphile

Posted in C'était mieux avant, Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou » with tags , , , , , , , , , , , , , , on février 26, 2010 by cecilezerbib

Bonjour les gens !

Aujourd’hui, deuxième et dernier article du jour de la semaine. Première phrase bien confuse, je trouve. « Article du jour de la semaine ». Je décompose. Article du jour. De ce jour. Vendredi. Deuxième article car le premier est désormais diffusé le mercredi. Premier article : mercredi. Deuxième et dernier article : vendredi. De la semaine. De cette semaine. Du 22 au 28 février 2010. En me relisant, je me dis que ce n’est pas beaucoup plus clair. Ce n’est pas grave. Car ce n’est pas le sujet du jour. Ben non. Vous me connaissez désormais suffisamment bien pour savoir que ce n’est pas au bout de 5 lignes que je vais vous le dévoiler. Et ce n’est pas parce que j’ai modifié quelque peu le rythme de diffusion que ce fait-là va changer. Loin sans faux. Incroyable expression, n’est ce pas ? Loin sans faux. Je l’utilise énormément lorsque je veux impressionner un auditoire.

Je ne suis pas contre l’emploi de cette stratégie. Loin sans faux. Mais il faut y mettre les formes.  Il ne pense pas qu’elle soit incompétente. Loin sans faux. Mais il lui semble qu’elle ne soit pas apte à mener une équipe de réalisateurs aux egos aussi rempli qu’un tonneau de vin rouge de basse qualité, en plastique.

Expression que j’aime combiner avec d’autres. Tout aussi exotiques. Je reviens vers vous. ASAP. Usine à gaz. Il n’en reste pas moins. Le cas échéant. En revanche. Remarque obséquieuse. A l’amiable. Acte conventionnel. A négocier. Vivier de talents. En être. Connaître les tenants et les aboutissants. Ménager la chèvre et le chou. A chaque jour suffit sa peine. Il faut savoir raison garder. Bien à vous. Etre de telle ou telle école. Au regard de. A qui mieux mieux. Et j’en oublie sûrement.

Bref. J’ai envie de vous parler de films. Mais pas de nouveautés. Pas eu le temps de nettoyer les moquettes des multiplexes avec mes semelles en latex. Moquette affinée par les frottements. Les grattements. Les écrasements. Les piétinements. Moquette fine comme une feuille de papier à cigarettes. Moquette décharnée. Moquette se décomposant en petites boulettes de coton. Moquette aux couleurs multiples et indéterminées. Entre bleu, marron, gris et vert. Couleur à la confluence des quatre. Couleur de mélasse. Couleur de flaque d’eau polluée dans un caniveau. Moquette de multiplexe. Mes semelles en latex. Au repos sur le parquet fraîchement ciré de mon appartement bourgeois. Aujourd’hui, il sera question du cinéma à l’ancienne. Du cinéma tel que je l’ai découvert dans mes premières années. Le cinoche à la télévision. Le cinoche dans le magnétoscope. Le cinoche en cassette VHS. Pendant des années, nous, les Zerbib sépharades des bois fréquentions énormément le vidéoclub. Le même. A 5 minutes en voiture. A 20 minutes à pieds. Un vendeur de mondes surgelés. Un loueur de rêves en boîtes. Le seul de notre quartier. Habitué à notre présence. Connaissant nos prénoms. Remarquant lorsque nous avons grandi. Changé de paires de lunettes. Cédé une dent au petit rongeur usurier. Ne faisant plus attention à nos brouhahas trop extériorisés. Souriant avec compassion à Mimiche. Se demandant sûrement comment cette pauvre femme avait pu mériter 3 des pires plaies d’Egypte en guise d’enfants. Un grand bonhomme brun en t-shirt gris trop large. Hiver comme été. Le cheveu à 10 minutes d’être gras. Mais jamais vraiment. Des mains épaisses comme les plats des restaurants de sushis. Des mains fabriquées pour ouvrir des boîtiers de VHS. Y intégrer des cassettes. Et les refermer en les faisant craquer comme des os douloureux. Des mains inadaptées à l’arrivée du léger et fragile DVD. Son commerce en a d’ailleurs bien souffert. Tant et si bien qu’il du muter en librairie. En vendeur de téléphones. De Kebab. Et a fini par baisser le rideau de fer. Nous pouvions y passer des heures. Tournant telle une compagnie de derviches professionnels en transe. Autour de boîtiers noirs. Blancs. Transparents. Autour de boîtiers vides. Saupoudrés d’une fine couche de poussière. Poussière surplombant la tranche haute des objets comme le duvet de moustache d’un jeune garçon pré-pubère. Boîtiers posés bien droits. En rangs d’oignons. Sur des étagères en bois. En bois de qualité moyenne. En pin. Clair. Relativement laid. D’une mocheté conventionnelle. D’une disgrâce presque recherchée. De bon goût. Elégante. Typique de certains petits commerces de banlieue reculée.  Boutique ressemblant à la chambre de l’aîné d’une famille qui, souhaitant prendre son indépendance, a décidé d’habiter dans le garage. Ou dans la cave. Ou dans le grenier. Pour résumer, dans la partie de la maison où personne n’aurait l’envie de vivre plus d’une demi-journée. Le coin idéal pour trouver paix, tranquillité et intimité. Dans le vidéoclub, entre les louveteaux Zerbib, c’était la guerre. C’était à qui défendrait le mieux son choix. Qui aurait la meilleure verve. Qui aurait les critiques avec lui. Qui aurait l’aspect « nouveauté » pour l’aider. Qui aurait un des chefs de famille dans sa poche. Car le choix du film était au final le choix de Mimiche. Pourquoi ? Parce qu’elle était l’adulte. Et alors ? Et alors, rien. C’était comme ça. Et si on n’était pas content, on ne louait pas de film du tout.

… et puis un jour, un des petits zerbaillons a eu une ampoule qui s’est allumé dans sa tête. Dans un éclairant et retentissant « pliiiing !! ». Ampoule qui a projeté contre le mur. Contre le plafond. Contre le sol. Contre toutes les surfaces de la maison. 5 mots. Ecrits dans des cursives maladroites de gaucher non-contrarié : SE FABRIQUER SA PROPRE VIDEOTHEQUE.

Bonne idée s’il en est. Pas mon idée. Celle de mon frère Rudy. Rudy est mon grand-frère. Je ne pense pas vous en avoir encore parlé. Normal. Mon frère est probablement l’une des personnes les plus silencieuses que la Terre ait porté jusqu’à maintenant. Si on exclut les muets. Evidemment. Il est le genre de garçon qui peut rester des heures entières à ne rien dire. Sans pour autant se faire oublier. Charme discret de la bourgeoisie saint-Maurienne. Aîné de la fratrie. Le grand frère par l’âge. Le petit frère par la taille. Passionné par l’histoire de la population noire. L’esclavage. Les mouvements américains. Martin Luther King. Malcom X. Les Black Panthers. Les Black Muslims. Hyper documenté sur le sujet.  Pourquoi ? Nous l’ignorons. Amoureux des baskets. Il semblerait qu’il en achète assez souvent. Au moins une par mois. Ce qui est plus inquiétant, c’est qu’elles se ressemblent toutes. Même forme. Même couleur. Même marque. Probablement un refus de nettoyer les plus âgées. De la fainéantise au service d’un capitalisme ventripotent et dégoulinant. Arlette, sors de ma tête. Rudy le frère unique. Dans tous les sens du terme. Inventeur tristement inconnu de la « mitraillette avec les doigts ». Je ne crois pas avoir besoin de détailler de quoi il s’agit. Enfin peut-être que je devrais… Faisons court : lorsque nous étions très jeunes, mon frère et moi jouions toujours ensemble. Comme j’étais la petite (grosse), je devais faire ce qu’il m’imposait, c’est-à-dire jouer à la guerre et à la bagarre. Pour ce faire, nous empruntions des noms barbares. Lui, c’était Musclor. Moi, Squelettor. Bien que l’inverse eut été plus logique et réaliste. Bref. Lors de nos combats héroïques, mon frère utilisait des armes de destructions massives. Des bombes à fragmentations. Dont le bruitage à la bouche était particulièrement bien réussi. Première détonation. Enorme. Tonnante. Ejectant les tympans de leurs places assises. Puis les retombées. Chute des débris. Des corps. Cris de peur. Pleurs d’enfants. Plus lointains. Plus discrets. Guerre sanglante où les armes de poing trouvaient également bonne place. La mitraillette surtout. Avec les doigts. Le canon étant représenté par son auriculaire. Auriculaire raidi. Meurtrier. Ejectant des salves incessantes et transparentes. C’est le genre de détail qui me fait dire que Rudy aurait pu être un grand acteur. Plus particulièrement, un grand mime. De petite taille néanmoins. Reprenons. Rudy. Effrayant mangeur de pâtes et de frites. Militant anti-banane de longue date. Admirateur en deuil de Mickaël Jackson. Chanteur de dessous la douche. Ronfleur discret et intermittent. Maladroit par conviction. Par art de vivre. Contrairement à ce que Mimiche pense. Mon frère ne met pas ses lunettes dès son réveil. Il ne faut pas s’étonner s’il s’électrocute avec la cafetière, se brûle la cuisse au troisième degré avec une casserole de lait ou s’il provoque un début d’incendie avec pour seules armes un micro-onde et un petit pain Jacquet (oui c’est possible de faire ça). Premier homme tournesol. Rudy, comme cette fleur en forme de soleil, se réveille plié et flétri. Le corps cassé en quatre. Le bassin en avant. Le dos voûté. La tête baissée. Un petit-déjeuner. Une douche. Et il est midi. Rudy est droit comme un « i ». Puis la journée passe et il se replie pour signifier la fin de sa journée. La fin de son réveil. La fin de ses yeux ouverts. Rudy. Jeune homme inquiet. En permanence. Incertain et douteur sans repos. Fabricant de stress en tout genre. Visage transmettant toutes ses peurs sans un mot. Sourcils oscillant entre lignes droites, accents aigus, graves et circonflexes. Nez aux narines battant au rythme de son cœur surmené par le monde agresseur. Lèvres légèrement mordillés par ses dents de carnivore éhonté. Visage témoignant d’une violente et torturante sensibilité. Rudy. Le premier cinéphile Zerbib Sépharade. Né en 1980. Belle cuvée. Expulsé du ventre maternel en période d’été. En même temps que l’Empire contre-attaque. Stardust Memories. Elephant Man. Raging Bull. Midnight Express. The Blues Brothers. Le Dernier Métro. Classe et prestige. Mais aussi La Bidasse. La Cage aux Folles 2. Flash Gordon. Sacrés Gendarmes. Les Sous-Doués. Les Charlots contre Dracula. Ouais bof…

… Le jeune Rudy a donc pris le parti de se constituer un trésor. Un trésor de pirates. Car à l’époque, à défaut de pouvoir télécharger, on pouvait enregistrer à grand renfort de cassettes pucelles. Cassettes pucelles qui avec le temps devenaient de vraies professionnelles… Disons qu’elles ramassaient un peu de tout. Jusqu’à la trouvaille du film de leur vie qui s’installait chez elles jusqu’à leur mort. Un des buts ultimes de la collection était le principe du visionnage multiple. Ce qu’on peut faire avec les copies de vidéoclub mais sur une durée finalement extrêmement courte. Mon frère s’était constitué un puits sans fond de vidéo à la demande. Mon frère est le premier Zerbib Sépharade des bois à avoir une connaissance presque scientifique des films enregistrés. Année de sortie. Acteurs principaux. Réalisateur. Compositeur de la bande originale. Mais surtout, pans entiers de dialogues. Accompagnés de leurs thèmes attitrés. Tant et si bien que lorsqu’il daignait nous adresser la parole (ce qui, comme expliqué plus haut, est assez rare), Mimiche tentait toujours de le sonder afin de vérifier s’il ne tentait pas de nous placer une réplique. Je me souviens d’ailleurs d’un matin. C’était peut-être le jour des 15 ans de mon frère. Son anniversaire. Nous étions tous en train de prendre notre petit-déjeuner. Il arrive. Nous regarde. Nous sort un joyeux : « Alors vous n’oubliez rien ? ». Et là, Mimiche qui avait probablement du se lever du pied gauche ou droit, mais dans tous les cas, du mauvais, le remet vertement à sa place. Elle en a assez des films. Des répliques. Des vannes. Des phrases. Des mots efficaces. Des mots pour rire. Des mots pour faire pleurer. Mimiche étant ce qu’elle est, elle ne laisse pas le garçon en placer une. Il s’assoit, penaud. Sans rien dire. Un peu vexé. Et n’osera dire qu’au bout d’une bonne trentaine de minutes qu’on a oubliés de lui souhaiter un joyeux anniversaire. Tout le bonheur du monde. De la beauté. De la réussite. Et de la santé (car c’est le plus important). Pauvre Rudy. Victime de son amour passionnel pour le 7ème art. Devenant l’objet d’une réplique culte dans le petit cinéma de la cruauté familiale zerbibienne. Rudy qui traitait ses films comme de vrais joyaux. Les entourant d’attention. Et des plus beaux atours possibles. Pour une cassette VHS, un bel atour est une boîte. Chaque cassette avait sa boîte. Etait protégée des chocs. Des mains sales et malhabiles. Parfois, souvent même, autant que faire se peut, elles portaient des habits de lumière. Une robe du soir. Une rivière de diamants. Des chaussures Prada. Une pochette Dior. Un carré Hermès. En deux mots : une jaquette. Et comment se procure-t-on une jaquette ? Bonne question. Surtout pour les plus jeunes d’entre vous. Une robe du soir se trouve dans une boutique de robes. Une rivière de diamants dans une bijouterie. Des chaussures Prada, une pochette Dior et un carré Hermès aux Galeries Lafayette. Une jaquette… dans TéléK7.

Un magazine double fonction. Un peu comme les shampoings qui faisaient après-shampoings. Les chewing-gums qui faisaient brosses à dents. Les pantalons rétractables affreux qui faisaient short en été. Un magazine dont les pages donnaient les programmations au recto. Et les jaquettes des dits-films programmés au verso. Génial. A chaque fin de semaine, la dépouille du magazine périmé tombait entre les mains de médecin légiste de mon frère qui en faisait des copeaux. Atelier découpage. Les cassettes étaient tirées à quatre épingles. Titre du film sur la tranche. Comme au vidéoclub. Aucun classement particulier. Rudy savait où tout se trouvait. Suffisait de lui demander. Sauf que lui ne demandait ni 30 balles ni de lui rendre l’objet rembobiné. J’ignore si ce magazine hebdomadaire (fils illégitime de Télé 7 Jours et de Télé Poche. Télé Poche étant à l’époque marié avec Télé Magazine. Télé Magazine qui a divorcé deux ans après la naissance du petit bâtard et s’est marié en seconde noce avec Télé Loisirs… Un vrai bordel cette histoire…) existe toujours. Si c’est le cas, je me demande quel est son intérêt. Je ne pense plus qu’il y ait encore des aficionados de la VHS. VHS à images brouillées. A rayures colorés. A Traces blanches. Bleues. Noires. Jaunes. Griffant l’écran. Des bandes descendant. Remontant. Faisant des signes de connivence au spectateur. VHS qui désignait les films comme des histoires plus que comme des images. Il me semble. VHS qui traduisait le vrai cinéma des écrans en miniature myope et tremblotante. VHS bénies de la vidéothèque de Rudy. Dedans des films cultes. Last action hero. T’aimes les omelettes ? Tiens je te casse les œufs. Total Recall. Vous avez ce que vous voulez, laissez les respirer. Rocky. T’as pas mal ? J’ai pas mal. Pulp Fiction. Bah faut être suicidaire pour masser les pieds de la gonzesse que vient d’épouser Marcellus. Les chefs d’œuvres. Carlito’s Way. J’suis déjà passé par là, comme quand j’me suis fait flinguer dans la 104ème. Ne m’emmenez pas à l’hopital surtout, leurs urgences à la con, ça a jamais sauvé personne. Hannah et ses soeurs. Je suis allé dans un magasin et j’ai acheté un fusil. J’étais prêt à… tu vois, s’ils m’avaient dit que j’avais une tumeur, je me serais suicidé. La seule chose qui aurait pu m’en empêcher, c’est que ça aurait fait de la peine à mes parents. Il m’aurait fallu les abattre d’abord. Et en plus, j’ai un oncle et une tante… bref, ça aurait fini en bain de sang ! Un air de famille. Le plus triste c’est pour les enfants, heureusement qu’ils n’en ont pas. Dracula. Je ne bois jamais de… vin. Rain Man. Si l’enfer existe, mon père est dedans. Et je suis sûre qu’en ce moment il nous voit… Et il doit se fendre la gueule dans son coin ! Dirty Dancing. Le loup est un loup pour l’homme mais surtout pour la femme. Ghost. C’est merveilleux Molly, tout l’amour qu’on a en soi, on l’emporte avec soi. Des Hommes d’honneur. Vous voulez connaître la vérité, mais vous n’êtes pas capables de la supporter ! Forrest Gump. Il y a des jours comme ça… Il n’y a pas assez de pierres.

Des dizaines. Des centaines. Des milliers d’œuvres. Regroupées avec patience et abnégation par Rudy le cinéphile. Rudy le collecteur de répliques. Rudy le découpeur de Télé K7. Rudy qui m’en nourrissait chaque jour comme d’un met délicieux. Comme d’une drogue insidieuse qui n’a jamais quitté mon organisme. Et qui mourra probablement avec le reste de mes cellules. Avec moi. Rudy l’instructeur. Rudy le pionnier professeur de cinéma…

… Et quelques années plus tard, nous avons eu un lecteur DVD. Les trésors ont été dévalués. Dénigrés. Abandonnés. Jetés un après-midi d’ennui. Au même titre que les lecteurs de disquettes. Les téléphones muraux. Les télévisions à tubes cathodiques. Les souris à boule. Les cartes téléphoniques. Et tous ces objets perdus par notre mémoire collective courant sans fin vers le progrès. Ce qui est une bonne chose. J’imagine. J’espère.

… Et top ! Terminé pour aujourd’hui. Vous souhaite un merveilleux week-end. Pour les parisiens, il y a des risques pour qu’il soit décoiffant. Une bonne occasion de vérifier votre désirabilité les cheveux en liberté.

A bientôt (mercredi !!) les gens !!

C.P.A.

Mon projet professionnel est une bonne couverture

Posted in Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou », Petit trip zerbibien with tags , , , , , , on février 18, 2010 by cecilezerbib

Hola la gente !

Aujourd’hui, jeudi 18 février 2010. Heure de début d’écriture de l’article du jour : minuit passé de 4 minutes. Encore 56 minutes pour se débarrasser de l’heure fatidique. De l’heure inquiétante. De l’heure au nom funeste. L’heure du crime. 55 minutes maintenant. Je me dis qu’en fermant les yeux très fort, le temps passera plus vite. 53 minutes. Le décompte me terrifie finalement. Si cela se trouve, un tueur attend. Caché sur mon balcon bourgeois. Entre la haie d’arbustes nains et le salon en pin. Tapis dans l’ombre. Attendant la dernière minute pour agir. Faisant durer le plaisir. Espérant l’écume aux lèvres quatre chiffres : 0059. Minuit et cinquante neuf minutes. En écrivant ces mots, je me rends compte que j’ai gardé cette capacité à me faire des films. Des films qui font peur. Des films où l’héroïne met une raclée au tueur en série à coup de bibelot en rotin ou en fonte. Des films où le croche-pied reste la meilleure arme pour lutter contre les malveillants. Des films où le méchant n’est jamais caché là où il doit être. Toujours derrière le héros. Et paf le sursaut qui fait rire. En écrivant ces mots, je m’amuse à me faire des frayeurs. Comme lorsque je cherche mon portable dans les poches où je ne le mets jamais. Lorsque je laisse la casserole de lait sur le feu le plus longtemps possible. A deux doigts du débordement. A deux doigts de l’inondation bouillante. Lorsque je descends de mon appartement suffisamment à l’heure pour attraper le bus. Suffisamment juste à l’heure pour éventuellement le rater. Je fabrique du suspense. Pour pimenter le quotidien. Peut-être parce que parfois je m’ennuie un peu. Alors je passe le temps en me provoquant des poussées d’acné et d’herpès. Herpès facial évidemment. Je le précise pour certains de mes lecteurs. Ils se reconnaîtront… Ceux-là qui adorent me faire passer par une bouillote. Vous apprécierez la métaphore. J’ose espérer. Par ailleurs, avant il y a quelques mois, j’ignorais l’existence d’une autre forme d’herpès que celui qui vient planter son drapeau sur ma bouche. Ma lèvre supérieure droite. D’où mon étonnement lorsque sur mon tube d’Activir tout neuf, j’ai vu l’inscription suivante : Ne pas appliquer dans le vagin. Bizarre. J’en ai rigolé seule pendant une demi-heure. L’ignorance. Certes. Mais j’ai bien ri. J’imaginais la situation. Tiens, j’ai un herpès à la lèvre. Je m’en mettrais bien dans le vagin… Pour rire ! L’ignorance… Pour moi, mettre de l’Activir dans le vagin revenait à tenter de prendre un suppositoire comme cachet effervescent. De s’épiler les jambes avec de l’après-shampoing. D’allumer une lampe en se mettant la prise dans le nez. Ou quelque chose comme ça.

Pas du tout le sujet du jour. Mais alors, pas du tout. En ce moment, je pense beaucoup. D’aucuns me diront « comme tout le monde ». Oui probablement. Comme tout le monde. Je tente de me projeter dans mon avenir. Proche. Enfin… Moyen proche. A mi-parcours entre le dîner de samedi soir et l’anniversaire de mon peut-être futur 6ème enfant. Que j’appellerai Edgar. Rien que pour l’emmerder.

Qu’est ce que je veux faire à « moyen terme » ? Question qui tue. Question qui inhibe. Question classique en entretien.

A chaque fois qu’on me la pose, je réponds que je veux devenir productrice de films de longs métrages. Productrice de chefs-d’œuvre. Productrice de films sur lesquels je pourrais m’estimer fière d’avoir travaillé. Productrice de films bien écrits. Productrice de films qui feront rêver plusieurs générations. Productrice de films à « belles rencontres » pour utiliser le champ lexical extrêmement réduit de mon milieu. Productrice de films semblables à de « magnifiques aventures humaines ». Pour résumer : je réponds n’importe quoi. Pas tout à fait n’importe quoi. Pas tout à fait la vérité non plus. Je m’explique. Je veux effectivement produire des films. Des films que les gens apprécieraient. Des films dont on retire quelque chose. Pas forcément d’un point de vue moral ou éducatif. Des films dont on se rappelle comme un vieux souvenir. Dont il ne reste parfois que quelques images. Des images qui deviennent les vôtres. Qui se confondent avec la vraie vie… Seulement, ce n’est pas tout. Moi, si je veux devenir productrice de films, c’est surtout pour être la patronne.

Celle qui porte le bonnet rouge et la barbe au pays des Schtroumpfs. Celle qui tient le plan lors d’une course d’orientation. Celle qui tient la télécommande. Celle qui a les clés de la voiture. Celle dont on redoute la réponse. Celle dont on craint les questions. Celle qui entre et provoque le silence des éléments agités. Celle qui dit à peine « bonjour » et veut qu’on lui prépare son café Macchiato. Celle qui s’étonne de ne pas trouver sur son bureau des dossiers qu’elle n’avait pas demandé. Celle qui réclame des initiatives. Celle qui utilise le mot « proactif ». Celle qu’on ne doit pas déranger l’après-midi. Celle qui a un parapheur toujours rempli à consulter. Celle qui est « en rendez-vous à l’extérieur ». Celle à qui « on peut laisser un message ». Celle qui ne supporte pas les retards. Celle qui impose des « mesures drastiques ». Celle qui rend des comptes uniquement si elle en a envie. Celle qui délègue mais garde un œil sur tout. Celle qui attend des plannings et des notes. Celle qui veut tout savoir. Celle qui divise pour mieux régner. Celle qu’on imite quand elle n’est pas là. Celle qui offre des primes de Noël. Celle qui a des toilettes privatives. Celle qui vous retourne votre copie. Celle qui demande « ce qui ne va pas… encore ! ». Celle qui détermine l’ambiance du jour. Celle dont on cherche l’approbation. Celle qui fixe des réunions à des heures extrêmes. Très tôt le matin. Très tard le soir. Celle qui ne laisse pas de choix. Celle dont on pense qu’elle est sévère mais juste. Celle dont les stagiaires ont peur mais voudraient être remarqués. Celle qui ne mettrait pas son propre nom mais celui de sa société en haut des affiches publicitaires. Celle qui a fait de ses employés une famille. Une famille malmenée certes. Mais une famille tout de même. L’adversité obligeant à créer des liens avec les autres.

Attention. Je les traiterai bien. Mes employés. Comme des rois. Comme des princes. Ils auront des tickets restaurant à 10 euros. Une bonne mutuelle qui leur permettra de se payer de belles lunettes RayBan pour l’été. Une pause-déjeuner de deux heures. Ou d’une heure si l’employé décide d’utiliser la deuxième à d’autres fins. Développement personnel. Sieste. Jeux de ballon. Piscine. Thérapie de groupe. Cours de chant ou de danse. Tout ça payé par l’entreprise. Evidemment. Grand seigneur. Un forfait téléphonique au choix. Encore moi qui régalerais. Des cadeaux pour leurs anniversaires. Des fleurs pour les épouses pour les fêtes de Noël. Des chocolats à Pâques. Pas de décompte des vacances. Des conditions de travail idéales. Rêvées même.

… Sauf que. Ben oui ! Il fallait bien un « sauf que ». Mes employés auraient tous ces avantages mais devront être totalement disponibles. N’importe où. Et à n’importe quelle heure. J’accorderai des vacances. Je les donnerai. Mais aussitôt que je décrocherai mon téléphone, ils devront répondre. Qu’ils soient sur une piste de ski. Sur un bateau de croisière. Sur une planche de surf. Sur une table de « massage » thaïlandais. Sur un jet-ski. Sur le point de faire une plongée de 15 mètres. De sauter en parachute pour la première fois. D’entreprendre l’ascension de l’Everest. D’assister à l’accouchement de leurs femmes. Au mariage de leurs sœurs. A leurs propres enterrements. Mes employés seront mes gens. Mes personnes. A moi. En y réfléchissant, je me dis qu’ils ne tiendraient pas longtemps. Tant pis. J’en changerai. Comme des chaussettes. Des slips. Des pantalons. Des jupes. Et des chaussures. Cela ne m’empêchera nullement de les aimer. Mais une fois que c’est usé… C’est usé. Il faut jeter. Il faut passer à autre chose.

… Projet professionnel difficilement avouable, je me rends compte. Autant que celui que j’avais quand j’étais petite. Entre 7 et 13 ans. A l’époque déjà je regardais beaucoup trop de films. Le dimanche soir avec mes parents. Mon frère en pyjama et coupe en brosse. Ma sœur en robe de nuit et cachée dans le couloir au lieu d’être au lit. A cette époque là, je voulais être agent secret. Je ne le disais à personne. Je faisais croire que je voulais être journaliste. Avocate. Ophtalmologiste. Professeur de français. Je mettais en place ma couverture. Sauf qu’un jour, je me suis vendue. Et c’était foutu. Si on annonce qu’on veut devenir agent secret, ce n’est plus « secret ». Donc cela devient dangereux. Donc c’est perdu. Donc game over. Pas grave. Je vais devenir une productrice folle. Bonne couverture ça… Une productrice folle…

Et hop ! C’est fini pour aujourd’hui ! Oui ça coupe d’un coup ! Mais je n’ai pas le temps ! Je dois partir en mission ! Mission de propagation de désirabilité sur l’ensemble du territoire ! J’espère que ça va marcher !

A bientôt les gens !

C.P.A.

Je mange des films dans le noir

Posted in Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou » with tags , , , , , , , , on février 17, 2010 by cecilezerbib

Bonjour les gens !

En direct d’hier soir. 23h53. Pour être précise. Je suis fraîchement de retour d’un semi-marathon cinématographique. Deux séances post-travail. Sachant que je passe mes journées à œuvrer pour la mise en production de films engagés. Politiques. Utiles. Relevant d’une politique d’auteur à la française. Et citoyens. Amen. Une journée à agir pour que le fœtus film ne naisse pas sans bras. Sans jambe. Sans cervelle. Ou pire. Sans cœur. Après ce dur labeur d’intérêt public (le but étant que le fœtus devienne un bébé arrivé à terme de 3,6 kg… Qui ait crié dès les premières secondes. Qui réagissent à tous les stimuli post-nataux. Et qui soit suffisamment beau pour attirer une foule de parents adoptifs prêts à le prendre dans leurs bras. Le biberonner. Et lui faire faire son rot. J’aime les métaphores…), je me paie quelques virées en salles obscures. Un coup de carte UGC. Un coup de borne bleu. Ecran tactile plein de traces de doigts aux cacahuètes. Aux sandwichs au surimi. Aux paninis poulet mayonnaise. Ecran tactile couvert d’une pellicule. La même qu’on peut récolter si on passe la main sur le visage d’un adolescent mâle de 15 ans.

En plus, à présent, j’ai une nouvelle camarade de cinéma impromptu. La petite sœur. Qui a fait l’acquisition de la carte bleue providentielle. Avec sa petite tête dessus. Petite tête. Grosses lunettes. Sourire blanc. Yeux plissés. Photo d’identité éclat de rire. Elle dit qu’elle ressemble à un gros hamster dessus. Je ne suis pas d’accord. Personne n’a jamais vu un hamster poser pour une photographie. Ni s’acheter une carte d’abonnement à une chaîne de cinéma. Ni faire un mémoire de Master 2 sur « les sites d’exposition, ou les fantasmes des acteurs culturels sur Internet » (marrant cette habitude du double titre à triple significations… 6 niveaux de lecture. Puisque double titre : 2. Triple signification : 3. 2×3=6. 6 niveaux de lecture. Seulement dans le titre. Imaginez-vous la prise de tête au bout du premier paragraphe…)… Cela n’a pas de sens.

Bref. Avec le petit rongeur, nous ne nous sommes privées de rien. Nous avons acheté de la friandise à gogo. Excusez-moi. Plus précisément,  nous nous sommes offert un paquet de taille moyenne de M&M’S. Ce qui ne répond pas vraiment à l’appellation de « friandise à gogo » qui sous-entendrait que nous avions les bras chargés de réglisses. De pop-corn encore chaud et remplis de maïs kamikazes incrustés d’icebergs de sucre caramélisé. De barbe à papa rose. Bizarre d’avoir nommé un bonbon de la sorte. Barbe à papa. Pour la substance, la comparaison est claire. Le côté mousseux. Léger. Comme une barbe quoi. Mais la couleur… Il y a un problème, non ? Qui a déjà vu un homme à barbe rose ? A part dans quelques parcs douteux de Londres ou dans une soirée pari qui aurait mal tourné ? Personne ?… Bon c’est bien ce qu’il me semblait. Cela dit on disait bien que Charlemagne (celui qui a eu cette idée folle d’un jour « inventer » l’école… En voilà un qui aurait mieux fait d’inventer la machine à se téléporter…) était le roi à « la barbe fleurie ». Une barbe qui était une belle composition de fleurs de saison. Qui changeait de tons 4 fois par an. Si une barbe à coquelicots est possible, pourquoi pas la couleur rose. Après tout.

Et une fois n’est pas coutume, je me suis perdue dans mon introduction. Je remonte. Voilà. D’accord. Me revoilà. Re-bonjour le gens. Je disais donc qu’avec l’animal à roue, nous avions acheté des bonbons chocolatés avec cacahuètes au milieu. Ce n’est pas intéressant du tout. Je l’ai néanmoins signifié car avec ma sœur, nous voulons toujours garder le paquet pour la séance. Et le finissons généralement avant même d’avoir posé un pied dans la salle. Résultat : nous consommons toutes les miettes logées entre et dans les dents durant le film. Et dans un M&M’S, il y a de la matière. Le chocolat. La cacahuète. Et ne l’oublions pas car c’est important, le nappage de couleurs qui fait de votre bouche, de votre langue et de vos dents un charmant arc en ciel.

Une fois dans la salle, je suis toujours aux aguets. J’attends la situation de conflit. Mine de rien, l’obscurité facilite la chose. J’ai d’ailleurs assez souvent la main heureuse dans mes choix de film pour obtenir ces engueulades bien classes entre inconnus. Pas plus tard que tout à l’heure. Deux filles s’installent à côté de moi. Avec leur quarantaine de sacs de chiffons et autres accessoires. Elles décident de faire un défilé sur place. Assises. Ce qui donne un résultat plutôt… malheureux. N’ayons pas peur des mots. Bref. Ça caquette. Aigu. Qui plus est. Ça rit. Ça fait des bruits en plastique. En papier de soie. En élastique. En carton. Ça pouffe. Ça chuchote fort. Ça serait presque plus discret de parler à volume normal. La lumière de la salle se tamise. Elles n’arrêtent pas. Caquettent. Rient. Font des bruits de plastique. De papier de soie. D’élastique. De cartons. Pouffent. Chuchotent fort. Dispersés dans la salle, des « chuts » persistants. Des sifflantes presque plus énervantes que les deux gourdasses. Chut. Plus exactement : « chhhhhuuuuuut !! »… Puis derrière elles. Pile derrière. Une grosse voix s’élève. Voix d’homme à la fleur de l’âge. Voix profonde de caverne. Voix de chêne puissant. Jamais vous n’allez fermer vos gueules les greluches ?? En voilà deux qui ont bien été calmées. Une des deux, plus téméraire. Peut-être plus stupide quand j’y réfléchis. Ne se démonte pas. Ok… Mais vous ne pouvez pas parler correctement ? Et là, réponse du chef. Réponse qui m’a donné envie de me lever et d’applaudir. Oui je peux. Quand vous fermerez vos gueules. Après une aussi bonne réplique, très Audiard, très Ventura, très Blier, très bon cinoche français à l’ancienne, difficile de se concentrer sur un nouveau spectacle. Plus lisse. Plus patinoire. Plus américain quoi.

Ne perdons pas plus de temps. Je parie que vous avez mieux à faire que de zoner ici comme des âmes perdues. Je n’ai pas dit que vous aviez plus « intéressant » à faire. Je le précise. Mais vous devez accomplir des actes de vie. Obligatoires. Travailler déjà. Même si c’est une activité de pauvre. Seuls les pauvres en ont besoin. Communiquer avec vos amis. Un minimum. Demander des nouvelles même si elles ne vous intéressent pas et que vous préféreriez qu’on parle de vous. Payer des trucs et des machins. Répondre à des invitations. Trouver de bonnes excuses pour ne pas y aller. Je ne pourrais pas venir à ta fête, j’ai l’anniversaire de mon cousin le même soir. Désolée, je ne serai pas disponible pour ton anniversaire mon cousin adoré, j’ai déjà confirmé ma venue à une autre soirée. Tenter d’attraper une fille. Essayer de museler un garçon. Appeler le plombier pour déboucher l’évier de la cuisine qui expose son odeur de digestion contrariée au tout venant. Pour résumer : vous ne pouvez vous installer sur le fauteuil. Vous devez vivre.

Aujourd’hui, deux films en salle. Grandes salles avec des fauteuils moches certes, mais bien mous. Ce qui n’est pas pour déplaire à votre serviteur. C’est moi le serviteur. Pour mémoire. On y va. On balance les titres. Dans l’ordre chronologique. Question de politesse et de bienséance. Question importante sur ce blog. Votre serviteur aime les enfants bien élevés. Premier film : Lovely Bones de Peter Jackson. Deuxième : Up in the air de Jason Reitman. Dans les deux cas, je ne suis pas sortie en transe. Expliquons dans le détail.

Lovely Bones de Peter Jackson… Je réclame l’affiche. Voilà !

L’histoire. Une jeune fille est assassinée par un de ses voisins de lotissement. Elle est « entre les deux mondes ». Ni dans le monde des vivants. Ni au paradis. Un monde où poussent les ChupaChups et les dragibus. Avec Moby en musique de fond. Normal quoi. Elle regarde les membres de sa famille traverser sa disparition… Le père qui l’entend et comprend ce qui s’est passé. C’est l’élément réussi du film. On sent bien la volonté de savoir du père. Il garde l’espoir même lorsqu’un des vêtements a été retrouvé sur le lieu du crime. Il voit son enfant. Il lutte pour la garder prêt de lui. Séquence plutôt émouvante lorsqu’il brise toutes les maquettes de bateau qu’ils ont construit ensemble. Maquettes qui deviennent des bateaux en bouteilles géants se brisant contre des rochers dans le monde féérique de la fille. A côté du père qui ne veut pas abandonner son enfant à la mort et à l’abandon, il y a la mère qui fuit. La sœur qui enquête. L’amoureux transi à cheveux bouclés qui erre dans les centres commerciaux et lit des poèmes. Le tueur qui a des souvenirs agréables de sa mort. L’inspecteur de police intentionné qui approche sans arrêt de la solution sans la toucher. Un film avec beaucoup de qualités. Je pense notamment aux séquences d’exposition. Le réalisateur nous donne à voir une famille. Un mari comptable qui fabrique des maquettes à ses heures perdues. Une mère qui punit sa fille en l’obligeant à porter des vêtements tricotés main. Une fille de 14 ans qui emmène son petit frère à l’hôpital en voiture à  toute vitesse. Une sœur un peu jalouse. Une famille américaine classique de banlieue. Une famille qui s’aime. Une famille qui va bien. Puis un drame horrible qui déchire tout. Le départ du film sonne comme le ronronnement d’une Harley Davidson. Sauf que… Voilà un film avec tellement d’intrigues et de sous-intrigues qu’on ne s’en sort plus. On oublie certains personnages qui ne sont qu’en toile de fond et deviennent principaux l’espace d’une dizaine de minutes. Personnellement, si j’avais été Peter Jackson (ce début de phrase est d’une prétention inouïe ! Je m’adore !!), j’aurais bazardé deux ou trois sous-intrigues sur l’autoroute façon Berger Allemand au mois d’août. Exemple : l’intrigue du petit ami. Lorsqu’elle est encore vivante, la fille est à deux doigts de choper le beau gosse bollywoodien du lycée. Ils sont empêchés à deux reprises de s’embrasser. Comme quoi… Quand D-ieu ne veut pas… D-ieu ne veut pas. Ils se donnent rendez-vous au centre commercial. Mais elle mourra avant. Comme quoi… Quand D-ieu… Vous avez compris. Résultat : on a une séquence de promenade mélancolique dans le fameux centre. Une rencontre avec une fille bizarre qui a vu le fantôme de l’héroïne morte. Puis disparition du garçon. Complète. On ne le voit plus. On n’en entend plus du tout parler. Que dalle. Revient à la fin du film. Prétexte à une séquence pompée sur Ghost. La fille bizarre est « pénétrée » par le fantôme de la morte qui peut enfin embrasser le garçon de ses rêves. Youpi. Autre sous-intrigue embarrassante. Celle de la sœur. Elle existe extrêmement peu dans l’exposition. Dans la famille en deuil. Du coup, le fait qu’elle devienne la nouvelle cible du tueur car « elle se douterait de quelque chose » tombe un peu à plat ventre. Elle regarde le voisin avec suspicion. Il la regarde avec suspicion. Ils se regardent avec suspicion. Une bonne séquence néanmoins. Une séquence qui fait peur. Celle où elle décide de fouiller sa maison. Disons que j’ai eu chaud pour ses miches. Efficace donc. Mais aurait été meilleure si la sœur avait été un élément plus fort de l’exposition et avait une relation plus fusionnelle avec la morte. La mère est complètement évincée de l’histoire. Je veux bien qu’elle refuse de rentrer dans le délire de son mari qui ne veut pas lâcher l’affaire. Mais elle est évacuée. Au-delà d’une « fuite », le personnage n’existe plus. Sa réapparition fait d’ailleurs un drôle d’effet. Le concept du cheveu sur la soupe.

Aussi, je ne comprends pas bien le monde « entre deux ». Au début, on pense qu’il s’agit d’un passage pour que le mort accepte son état. Puis finalement ce n’est pas si clair. On se demande s’il est en connexion avec le tueur. Réellement. On apprend que le lieu où se trouve la fille est là où sont « entreposées » les victimes du tueur. Elles y vivent en attendant. En attendant quoi exactement ? La mort du tueur ? On ne sait pas. Par ailleurs, la fin « vengeresse » ne m’a pas donné satisfaction. Je ne la dirai pas. Histoire de ne pas « péter le kiff » de ceux qui voudraient le voir. Néanmoins, elle n’apporte pas la vérité dont le spectateur a besoin. Donc, globalement, un sentiment de gâchis. Une impression de trop-plein. Dommage.

Deuxième film. Up in the air.

Avec George Clooney. Qu’il est beau George Clooney. Qu’il fait rêver la ménagère. Et le ménager homosexuel. Pas envie d’en parler 3 jours. Déception encore. Goût de déjà-vu. De déjà-entendu. Jason Reitman avait fait mieux avec Thank you for smoking. Pas le même acteur glamour mais même idée générale. Un homme seul. Sans grand sens moral. Travaillant dans une industrie sinistre de destruction. George Clooney est chasseur de tête en période de crise économique. Le personnage de TYFS est lobbyiste du tabac en période de grands procès contre les grandes marques de l’industrie. Chacun a un poste dont il est fier mais que la morale réprouve. Chacun va se retrouver mis à l’épreuve. George voit la technologie et le licenciement ADSL le priver de ses voyages en première classe. L’autre est renvoyé après avoir confessé ses mensonges à une journaliste sur l’oreiller. Chacun s’est éloigné de sa famille et va s’en rapprocher. Va retrouver ses priorités. Arrêter son attitude égoïste. Et finalement continuer sa tâche avec un recul supplémentaire sur lui-même. Le même film. Presque exactement. Pas intéressant donc. Facile à anticiper. Cela dit, pour se faire plaisir aux yeux, c’est un régal. George Clooney au réveil. Avec ses dents blanches. Son haleine fraîche qui sent le menthol à travers l’écran. Un T-shirt qui ne sent jamais la sueur même après avoir couru. La classe américaine. Au service d’un remake. Beurk.

C’est tout pour aujourd’hui. Je vais aller me coucher. Parce que c’est l’heure de la sieste. Je vous serre fort dans mes bras. Comme les américains. Je vous aime. Comme les américains. Vous êtes désirables. Plus que les américains.

See you tomorow buddies !

C.P.A.

J’ai peur de tout!

Posted in Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou », Petit trip zerbibien with tags , , , , on février 9, 2010 by cecilezerbib

Bonjour les gens,

J’écris cette phrase en direct d’hier soir. Le 8 février 2010 à 23h26. Article qui commence comme un film de science-fiction des années 80. Terminator. Un des premiers films traumatisant de ma vie. Arnold Schwarzenegger tout en fer. Les os. Le cœur. La voix. Avec des yeux rouges qui brillent dans la nuit comme les phares arrière d’une voiture d’occasion. Et la pauvre Sarah avec sa chevelure à la lionne. Espérant ressembler à Tina Turner. La voix de crooner en moins. Sarah Connor dont le seul intérêt dans la vie est d’aller danser le jerk sur de la musique pop sous les éclairs et les stroboscopes. Dans une paire de jeans Levi’s Strauss bleue claire javellisée. Montée jusqu’aux aisselles. Maintenue par une ceinture voyante. Car Sarah porte le body moulant en velours chatoyant bordeaux. Classe. Perfecto en cuir noir, à clous et à chaînes argentées. Cling Cling. Sarah mâche le chewing-gum  Hollywood la bouche ouverte en répondant aux flics qu’elle les emmerde. Une femme libérée. Normale.

Sauf qu’un jour… Une machine venue du futur est missionnée pour la tuer. Kyle, un jeune type, lui aussi envoyé du futur (même si sa coupe de cheveux peut laisser présumer le contraire) doit la protéger. Evidemment, comme il s’agit d’un film de James Cameron, Sarah et Kyle ne vont ni se contenter de se léchouiller la pomme ni profiter de leurs quelques heures de répit pour jouer au scrabble. Ils vont passer à la vitesse supérieure. Vous n’êtes plus des enfants, vous voyez tout à fait de quoi je veux parler. Ils vont mettre en chantier la fabrication d’un enfant. Et pas n’importe lequel. John Connor, le futur leader humain dans la guerre contre les machines. Un sacré programme n’est-ce pas ? Moi ce que je préfère c’est l’idée que Sarah s’envoie en l’air avec un type qui ne serait pas encore né. Qui ne serait même pas un tiers de spermatozoïde. John Connor, le fils, aurait une trentaine d’années de plus que Kyle, son père.

Dans notre quotidien, dans le monde réel, j’imagine ce que cela donnerait. Témoignages croisés de Catherine et Martin.

Catherine : « Oui ma petite sœur est née 45 ans avant ma mère et 20 ans avant moi… Ce qui fait qu’elle a connue ma mère quand elle était toute petite… En fait, ma sœur a été longtemps la nourrice de ma maman… »


Martin : « Quand j’ai connu mon grand-père, on était en 1939… On est partis faire notre service ensemble… Lors d’une permission, nous avons été dans un café et il a vu une petite serveuse qui lui a plu. Ma grand-mère. Heureusement que je suis un super copain parce que si j’avais voulu, j’aurais pu… Enfin vous voyez… Et puis j’ai pensé à notre future descendance et ça m’a fait mal à la tête… Je lui ai laissé quoi ! »


… Bizarre. Même le plus tortionnaire des professeurs de mathématiques du monde ne penserait pas à poser des problèmes pareils. Impossible. On pourrait en douter lorsqu’on jette un coup d’œil à certains énoncés du TAGE MAGE. Le TAGE MAGE est un test d’aptitude à la gestion. Un examen extrêmement glamour. Association de formes. De nombres. De chiffres. De logiques. Complètement indigeste pour un esprit littéraire comme le mien. D’humeur exemplaire et illustratrice, je vous donne un problème. Gratuit. Cadeau. Joie dans les cœurs des gestionnaires qui s’ignorent.

Bertrand possède 6 fois plus d’argent qu’Andrew. S’il donne à Andrew 100 euros, il possèdera alors seulement 2 fois plus d’argent qu’Andrew. Combien d’argent Bertrand a-t-il ?

a/ 100€ – b/ 150€ – c/ 400 € – d/ 425€ – e/ 450€


Certains me diront que c’est facile. Ils auront raison. Le calcul est aisé pour qui a passé le stade de la troisième sans trop de difficulté. La question que je leur poserai est néanmoins la suivante. En combien de temps l’avez-vous résolu ? 5 minutes ? 10 minutes ? 25 minutes ? En plus de temps ? En moins de temps ? Car pour réussir le test, il faudrait que vous résolviez ce type d’exercice en… Accrochez-vous aux branches de l’arbre les amis !… En… une minute et trente secondes. Oui messieurs. Oui mesdames. Une minute et trente secondes. Le temps que certains mettent à poser une multiplication à deux chiffres. Le temps que d’autres mettent à dire « Une baguette pas trop cuite avec une bouteille d’eau ». Le temps d’une centaine de pulsations cardiaques d’un homme de 35 ans. Alors ? On continue à faire les malins ? Bon !

Bref. Tout ça pour dire que l’article a été commencé hier. Hier soir. Télévision en fond sonore. Télévision en fond d’écran. Des enlèvements. Des viols. Des meurtres. Des victimes. Des fous furieux. Des esprits criminels. Des armes à feux. Des portraits-robots. De la peur injectée par intraveineuse au tout venant. Des monstres communs et humains derrière les portes. Plein de vices. Débordant de concupiscence. S’infiltrant dans vos maisons. Par Internet. Par téléphone. Par répondeur. Par boîte aux lettres. Par fax. Et pouvant attaquer n’importe qui. Tuant. Ne manquant aucunement d’imagination. Du sang. Du sang partout. En flaque. En gouttelettes. Monstres qui sont autour de vous. Qui sont parmi vos amis. Votre famille dans le pire des cas. Monstres qui ont de bon métier. Gagnent bien leur vie. Vous ont offert un super cadeau de Noël. Entraînent l’équipe de football américain du quartier. De lancer de javelot. De vélo cross. Accompagnent les gosses en sortie scolaire. Tondent la pelouse de leurs vieux voisins incontinents. Refusent poliment lorsque ceux-ci leur proposent de l’argent. Généralement des hommes. Entre 30 et 40 ans. Pères de famille. WASP. Cheveux entre blonds et châtains foncés. Raies à droite. Raies à droite. Raies au milieu. Toujours une raie. Toujours. Marque du psychopathe. Rasés de près. Avec un rasoir 4 lames Quattro de chez Wilkinson. Peaux de bébé. Peaux de pêche. Sur lesquelles coulent avec plus de facilité les giclures des victimes. Ou leurs larmes de remords. TF1 nous remplit effectivement le cerveau de Coca-Cola Light et Zero. De sandwichs Sodebo. De steaks hachés Bigard. Bigard. Bigard. Le roi du steak haché, c’est Bigard. De yaourts aux fruits mixés. De yaourts bons pour le transit intestinal à manger avec sa grand-mère. De crédits à la consommation trop cools et sympas. Mais aussi de peurs primales. De doutes. De regards en coin vers les nouveaux voisins. Que des bonnes choses. Je ne jette pas spécialement la pierre à TF1. Les autres chaînes font la même chose. A moindre échelle. Les médias. Tous les médias se relaient pour que nous soyons vigilants. Pour que nous fassions attention. A nous. Aux autres. Au monde. Création d’une atmosphère dépressive générale. Chacun ayant l’habitude de prendre son décontractant personnel. Le cinéma. Le yoga. Les médicaments. La télévision à plein volume. Les centres commerciaux grands à y perdre son corps et son esprit. A en oublier l’heure du jour ou de la nuit. La danse. La nuit. L’alcool. Le jeu. Le sexe. La drogue. Chacun son traitement. Pour éradiquer le mal.

A chaque jour suffisait sa peine. Autrefois. A présent, à chaque jour se créé une nouvelle raison de flipper. La maladie. La planète qui joue les shakers. Les employeurs qui jouent à Dieu. Flipper à en attraper un ulcère. A en devenir malade. A se couvrir d’acné à 30 ans. A s’en faire des courbatures. Flipper à en avoir mal. Tout le temps. J’ai peur de perdre mon boulot. J’ai mal au travail. J’ai peur de rater mon train. J’ai mal au train. J’ai peur d’attraper la grippe A. J’ai mal à la Grippe A. J’ai peur de tout rater. J’ai mal aux échecs. J’ai peur de ne plus pouvoir payer mon loyer. J’ai mal à mon compte en banque.

Moi aussi, je suis remplie de craintes. J’ai beau me rendre compte d’être un accident dans ce monde. D’exister telle que je suis par le fruit d’un hasard étrange. De ne pas pouvoir échapper à ce qui doit m’arriver. J’ai peur. De centaines de choses. Du noir. De l’absence d’éclairage dans la rue. Que des gens de mon entourage veuillent se suicider sans que je le sache. De mourir sans en avoir conscience. De mourir en souffrant. Des volatiles quels qu’ils soient. Des volatiles lorsqu’ils s’apprêtent à décoller. Des voyages en avion. Des déplacements en bateau. Du fond de la mer. Des poissons qu’on ne voit pas. De décevoir. De ne plus être aimée de mes amis. De faire de la peine à des gens qui ne le méritent pas. De ne pas savoir défendre ce en quoi je crois avec suffisamment de conviction. De sentir la tempête arriver sans pouvoir agir. D’être lâche. De manquer d’intelligence. De ne plus avoir d’idées. D’être paralysée par la honte. D’avoir peur. D’oublier. De ne plus avoir envie d’en savoir plus. De plus avoir le courage de dire oui. Ou de dire non. De me transformer en quelqu’un que je détesterai si je n’étais pas moi. Voilà. Je crois que c’est tout.

Ah non ! J’allais oublier !! Je suis terrifiée par deux choses actuellement. Une publication littéraire et une « légende urbaine » devenue un fait. Commençons par le plus inoffensif (a priori). Une grande affiche à la station Châtelet-les-Halles. Sortie d’un livre de Marc Levy. Je ne vais rien vous cacher. Je n’aime pas du tout cet auteur. Du moins ce qu’il écrit. Lui, je n’en pense rien de particulier. Si cela se trouve, on s’entendrait très bien. Et on aimerait faire de la barque ensemble au bois de Vincennes. Si je n’avais pas le mal de mer. Ses livres me déplaisent beaucoup. Vraiment. Le style surtout. Les phrases sont grammaticalement correctes. J’en conviens. Mais lourdes. Tournées de manière que je ne qualifierai pas de littéraire. Je ne parle pas de Marc Levy par snobisme. Dans le vent. Sans y avoir jeté un œil. J’ai lu deux de ses ouvrages. Et si c’était vrai. 7 jours pour l’éternité. J’ai considéré les deux comme des œuvres malades. Entre deux genres. A mi-parcours entre le scénario et le roman. D’ailleurs, j’ai tendance à penser que ce monsieur serait bien meilleur scénariste qu’écrivain. Les histoires, dans l’absolu ne sont pas mauvaises. Pas pires que celles d’un autre auteur de romances de gare ou d’histoires fantastiques moyennes. Ne manque que le style. La patte. Le « Marc-levysme » quoi. Mon point de vue. Evidemment. Loin d’être majoritaire qui plus est. La seule chose qui me terrifie c’est de me dire que Marc Levy a sorti deux livres en 2009. Le Premier Jour. Bien.

Puis en décembre, La Première Nuit.

… Et en 2010 ? Le Premier Matin ? La Première Après-midi ? Le Premier Goûter ? Le Premier Petit-déjeuner ? La Première fois (toute première fois) ? La Dernière fois (toute dernière fois) ? La Première Cuite ? La Première Gueule de Bois ? Le Premier Emploi ? La Première visite à l’ANPE ? Allez savoir ce que ce monsieur à barbe grisonnante de trois jours va pouvoir nous concocter. Je me dis que si des gens y trouvent leur compte, tant mieux. A la limite. La seule chose qui me fait peur est d’imaginer que ce genre de « littérature » soit considéré comme tel. De penser que les gens ne sachent plus faire la différence entre la distraction et la beauté. Entre la soupe faite maison avec des morceaux de légumes et celle qui y ressemble de loin. En sachet. Ne comprenant les légumes que sur le packaging. Peur de perdre l’art en tant que discipline. En tant que religion. En tant que vie.  Peut-être qu’il n’y a pas à s’inquiéter. Peut-être que si. Je ne sais pas. Peur dans mon cœur.

Et pour finir, ma deuxième terreur à la mode. Plus grave. Plus vitale. La réalisation d’une légende urbaine. L’histoire du mec qui en pousse un autre sur les rails du métro. Le fou qui agit comme l’ange de la mort. Au hasard. Se jette sur celui qui est le plus instable. Le plus prêt du trou. Celui qui n’a aucune chance de s’en sortir. Celui qui n’aura pas le temps de se défendre ou de se débattre. Peur d’être choisie. Depuis quelques jours, un coup d’œil derrière moi. Systématique. Machinal. Aussi automatique que lorsque je fais les lacets de mes baskets. Ou que j’éteins la lumière d’une pièce que je quitte. Mes contemporains sont des suspects. Comme dans un téléfilm de TF1. Dangereux. Aux aguets. Cherchant ma faille. Je regarde les yeux de tous comme si je pouvais y lire leurs pensées profondes. Un nombre incalculable d’opacités. De têtes baissées. D’épaules abattues. Le mec qui en pousse un autre sur les rails du métro est-il comme tout le monde ? A-t-il un comportement normal avant de commettre l’irréparable ? Comment le savoir ? Dans le doute, j’ai adopté une tactique. Je bouge sur le quai. Jamais d’immobilisation. Jusqu’à ce que le train soit arrivé. Loin du bord. Ainsi si je dois mourir par poussée, le mec devra faire des efforts. Se donner du mal. Ouais.

… Pas très gai tout ça. Je me dis que je devrais arrêter pour aujourd’hui. Enfin pour hier soir. Parce qu’on est hier soir. Devant TF1. Un père vient d’avouer à la police qu’il avait fait croire que son fils avait tué sa femme. Je vais me coucher. Et rêver un peu.

Je vous souhaite une bonne soirée. De la joie de vivre. Et de la désirabilité comme si c’était Noël.

A bientôt les gens,

C.P.A.

La vie en 16/9ème

Posted in Cinéma Tchitcha!, Les photographies par accident, Petit trip zerbibien with tags , , , , , , , , on février 2, 2010 by cecilezerbib

Bonjour les gens,

Aujourd’hui, je n’ai pas du tout envie d’écrire. Mais alors pas du tout. Parce que j’ai raté ma séance de kinésithérapie. Parce que je n’ai pas eu mon coup de jus de début de semaine. Pas eu le temps. Trop occupée à me faire remonter les bretelles. A me faire tancer vertement. A me faire tirer les oreilles. A me faire appeler Arthur (oui c’est une expression qui existe… En tout cas dans le Wiktionnaire). A me faire brasser le Canayen (Garou et Céline Dion, sortez tout de suite de ma tête !!!). Plus prosaïquement, à me faire engueuler. Bref. Je ne suis pas là pour vous faire part de ma vie réelle. Qui est fort peu intéressante.

Pas envie d’écrire aussi parce que je n’ai toujours pas récupéré mes lunettes. Et que je ressemble à (feu) Super Nanny. Au petit vieux carré de « Là-haut ». A Laurence Boccolini. A Laurent Ruquier. Ou comme je l’écrivais hier, à Clark Kent. Pas à Superman. A Clark Kent. Le journaliste foireux qui couvre les olympiades des écoles communales, les fêtes de la bière blonde et la rubrique nécrologique. Couard. Sans intérêt. Réservé. Suiveur. Cherchant à se fondre dans la foule. Qui porte un pull sans manche à motif jacquard avec une chemise amidonnée à col dur. La raie sur le côté. Le tube de Pento dans la poche. L’after-shave senteur menthol. Le sourire blanc comme une feuille de ramette de papier A4 Clairefontaine. La brosse à dents dans l’attaché-case. Clark Kent.

Pas envie. Pas envie. Pas envie. Le problème est que je vous ai donné de mauvaises habitudes. Je suis obligée moralement de faire un article par jour. De pondre un œuf. Poc. Poc est le bruit d’un œuf qui tombe dans la paille. Très mal imité certes. Mais admettez qu’il est difficile de faire un bruitage à la bouche par écrit. Sur clavier. Ou même avec un stylo à la main. Enfin ce n’est pas le sujet. Car même si je n’écrirais pas grand-chose aujourd’hui, il y a tout de même une ligne directrice.

La vie en 16/9ème. La grande vie. La vie en grand. La vie en large. La vie en gros. Je vais vous parler de vues du week-end. Que du grand. Du large. Du gros. Et du monumental. Pour commencer, nous allons deviser cinéma. Enfin. Plus particulièrement d’un film. Et après je vous montrerai des images d’une exposition à la Nef du Grand Palais. Monumenta 2010. Christian Boltanski. Personnes. Oui, il y a des jours où je me déguise en personne cultivée. Qui lit des livres. Le dernier Goncourt. Le Renaudot. Le Fémina. Le Nobel. Va au théâtre. Rond Point. Champs Elysées. Edouard VII. Athénée. Odéon. Colline. Et peut parler en société d’« expôôôôsitions ex-cep-tion-nellllllles »…

Bien. Cinéma Tchitcha d’abord. Oui c’est comme ça. Un petit film israélien du dimanche. Vu à l’UGC Ciné Cité des Halles à 18h50. En salle 9. Billet acheté à 18h31. Et 41 secondes. Ce qui veut dire qu’à peu de choses près, j’aurais pu dire que mon billet avait été récupéré à 18h32. J’aurais préféré. Car j’aime les comptes ronds. Peut-être qu’il serait plus pertinent que je donne le titre. Sumo. Oui c’est le titre. L’histoire. Un groupe d’obèses israéliens décide de créer un club de sumotoris plutôt que de poursuivre leur adhésion au club de régime de la ville. Jolie idée. Pleine de cœur. Traitée de manière plutôt légère. Les gros en question sont traités comme des anormaux par leurs congénères. Par le patron du héros qui est consigné à la cuisine car il n’est pas « présentable » et que « des gens s’en plaignent ». Par la femme du club de régime qui passe son temps à les insulter. A ne pas les traiter comme des êtres humains mais comme des cas. Pour elle, il n’est jamais question de maigrir pour avoir une meilleure santé. Le problème relève de l’image. Du regard des autres. De la réputation de son club sensé aider les personnes les plus inaptes à perdre du poids. Les désespérés. Les gros ne sont pas des victimes du sort mais des condamnés. Obligés de rêver à l’image de la jeune fille athlétique représentée en 4 par 3 sur la façade du club de régime. Les gros doivent vouloir lui ressembler. Sans quoi ils sont des ratés. Des suicidaires. Film très touchant dans la mesure où en tant que personne « normale », on comprend la difficulté des physiques « imposants », des sumos de la vie. A trouver leurs places dans un monde trop étroit. Les chaises. Les balcons (séquence terrible d’humour noir). Les voitures. Tout est trop petit et se brise à leurs contacts. Et un jour, un miracle. Le héros, embauché dans un restaurant japonais, découvre l’art du Sumo. Seule discipline où le fait d’être gros est un atout. Un avantage. Une obligation. Discipline où être gros doit rimer avec être fort. Avoir le respect de l’autre. C’est malheureusement l’aspect le moins bien traité du film. Les réalisateurs n’ont pas réussi (et n’ont peut-être pas eu envie d’ailleurs !) à intégrer de manière précises les valeurs du sumo. Seule la notion de respectabilité du gros est présente. Le reste est évacué. Un peu dommage. Ensuite, il est appréciable de voir l’impact du sport sur la vie de chacun. Acceptation de son identité, de son homosexualité, de ses torts dans sa vie de couple. Envie d’aller vers les autres. Envie d’aimer. Projet de construction. Les gros dépassent leurs physiques. Finissent par s’apprécier. Par voir un futur. Par sortir d’une sclérose imposée par le reste du monde. Dans ce film, il y a un vrai esthétisme autour des corps. De la graisse. Des bourrelets. En mouvement. En lutte. Les gros deviennent des athlètes. Au fur et à mesure des entraînements, on voit des corps qui se découvrent. Se dénudent. Apogée lorsque le groupe de sumos apprentis accepte de marcher dans la ville en tenue traditionnelle. Un joli et touchant film du dimanche. Ajoutez à cela un thème musical efficace. Le tout répond tout à fait aux critères des films « JOIE DE VIVRE » que j’apprécie particulièrement en cette morte saison.

2ème œuvre en 16/9ème. Large. Monumentale. Là-dessus, je ne vais pas faire de commentaires. Juste vous donner de quoi vous mettre l’eau à la bouche. Ou pas du tout. Si cela se trouve, je vais totalement vous dégoutter. Tant pis. Prenons le risque. Ici, pas de joie de vivre. Représentation de la mort. Pas une mort individuelle. Une mort de masse. De groupe. Et l’impression vertigineuse qu’elle est sans fond. La grandeur du lieu d’exposition qu’est la Nef du Grand Palais participe de ce sentiment. Personnellement, la vue de cette pile de vêtements permanemment alimentée et des carrés où du linge est aplatie sur le sol m’a fait froid dans le dos. Evidemment, j’ai pensé aux images de la Shoah, des camps, des piles de valises, de lunettes, de cheveux et de dents en or. Un regard vers Haïti aussi. Et les lieux et les peuples sur lesquels le sort s’acharne. Voilà. C’est tout ce que j’aurai à en dire. Je ne suis pas vraiment experte en histoire de l’art. Contemporain qui plus est. Je ne suis pas spécialiste en grand-chose de toute façon. J’ai la culture générale. Très générale. Culture paysagère. Ni très nature morte. Ni très portrait. Ni très scène de vie. Si j’étais une œuvre d’art, je serais Impression Soleil Levant. Je n’assisterais probablement pas aux Noces de Cana. Ne me battrais pas aux côtés de la Liberté. Ne guiderait pas le peuple. Ne materais pas Suzanne sortant de son bain, bien qu’elle soit super bonasse. Bref. Voilà ce que mes yeux et Barney ont vu :

… Et ça sera tout pour aujourd’hui. Je vous souhaite une bien chouette soirée. Et même si vous êtes en 16/9ème, vous me paraissez très désirables.

A bientôt les gens,

C.P.A.

Un petit tour au « cinoche »

Posted in Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou » with tags , , , , , , , , on janvier 26, 2010 by cecilezerbib

Hello les gens,

Aujourd’hui, nous allons parler de cinoche. J’aime bien dire « Cinoche » à la place de « cinéma ». En traînant bien sur le « o » évidemment. Un truc de parisien. Un tic de langage attrapé en soirée une coupe de champagne à la main. Or liquide éclatant en feux d’artifice. Le cinoche. En plus, comme je travaille dans le secteur, j’ai tout le loisir de le dire souvent. « Je suis dans le cinoche ». « Je me suis fait un cinoche ce week-end ». « Il n’y a pas grand-chose au cinoche au mois de juillet ». « A long terme, j’aimerais monter ma boîte de production de cinoche ». « Moi je suis plus cinoche américain ». Etcetera. Etcetera. J’imagine que j’ai de la chance. Prononcer avec une telle régularité un mot qui rime avec cloche. Loche. Moche. Anicroche. Poche. Encoche.

Même s’il est aujourd’hui question de spectacle, de show et de cinoche (donc), je n’aborderai pas la prestation du César du Meilleur Espoir Masculin depuis 2007, notre petit président de la République. Tout simplement parce que je ne l’ai pas regardée. Vous pouvez huer la mauvaise citoyenne que je suis. Allez-y. Je vous en prie. Faites-vous plaisir. Le souci est que je me sens lasse devant ce cirque Pinder (ou Gruss, à votre convenance) télévisuel. TF1 bleu-blanc-rouge Marseillaise. Grande table de débat. Intervenants en colère. Chômeurs. Agriculteurs. Etudiants. Professeurs. Professions libérales. Impuissants à trouver la parade devant des chiffres, des millions, des milliards et des pourcentages. Et pour animer pour tout ça, pour rythmer la piste aux étoiles, Monsieur Loyal. Veste uniforme. Cravate fade. Visage habituel. Jean-Pierre Pernault. Le journaliste « Monsieur Tout le Monde ». Le journaliste qu’on n’a pas trop de difficulté à imaginer au réveil. Celui qui connaît mieux que personne où se trouvent les meilleures cultures de mirabelles. Le nom des derniers luthiers artisanaux. La météo des plages. Le chiffre d’affaires de la vente de raquettes de ping-pong dans le bassin d’Arcachon. Le professionnel des informations relevant des petits riens et des pas grand-chose. Directeur du théâtre des non-évènements. Jean-Pierre Pernault. Le visage du quotidien à la française. Suspect d’avoir choisi ce journaliste. Non ? En tout cas, sur le papier. Duel me semblant un peu  inégal. Comme si je faisais un concours de grossièretés avec un enfant de 3 ans. Je ne prendrais pas beaucoup de risques. Il me semble. Bien que les mœurs évoluent assez vite dans les cours d’école. Bref. Ici, il ne sera pas question de ça. Je me dis que d’autres bloggeurs, plus investis, plus engagés feront le boulot mieux que moi. Peut-être me trompe-je.

Revenons à nos animaux bêlants. Cinoche. Errements cinématographiques du week-end. Samedi. Généralement le soir. Dimanche. L’après-midi souvent. Entrée dans une salle au cœur de la Terre alors que le jour joue de la harpe sur un pantone de couleurs. Sortie de nuit. Séances comme des mises en coma volontaires. Coma durant lequel le temps ne s’arrête pas mais court sans moi.  Deux séances. Deux films. Trois réalisateurs. Une légende vivante. Deux frères presque siamois. La classe américaine. Les meilleurs créateurs d’idiots du village. Clint. Ethan et Joel. Eastwood au singulier et en particulier. Coen au pluriel et en famille. Invictus. A Serious Man. Impossibilité de les comparer. Ce serait comme organiser un combat entre un escrimeur et des catcheurs. Pas le même sport. Pas les mêmes règles. Rien à voir.

Commençons dans l’ordre chronologique. A Serious Man. Un Homme Sérieux.

Mon premier film frustration de l’année 2010. Oui déjà. Et nous ne sommes qu’au mois de janvier. En voilà une année qui s’annonce riche en émotions ! Frustration car je pense n’avoir rien entendu à ce film. Ou trop peu de choses. Déjà le prologue. En Europe de l’Est, on parle yiddish dans une maison de bois. Un couple accueille un Dibbouck, l’esprit malin d’un sage récemment décédé. Apparemment, ce n’est pas une bonne nouvelle. La femme le fait fuir en lui plantant un couteau dans le cœur. Ils arrivent à vaincre le mal. Ou pas. Voilà. Et ? Ben je ne sais pas.

Ensuite, Etats-Unis. Les années 60. Un professeur de mathématiques attend sa titularisation et la Bar Mitsva de son fils plus occupé à écouter sa radio et à fumer du shit qu’à suivre les cours de Torah. Le professeur à chemise à carreaux (celui que vous voyez sur l’affiche ci-dessus. C’est toi le ci-dessus !) se fait larguer par sa femme et est obligé de vivre avec son frère sociopathe dans un motel sordide de la région. Pour tenter d’arranger sa situation bien mal en point, il fait les bureaux de rabbins comme un gentil poivrot ferait la tournée des bars. Des questions pour retrouver une vie normale. La vie de tout le monde. Mais un rabbin ne donne pas de réponses. Il raconte des anecdotes dont on ne sait que penser. Et vous envoie vers de nouvelles interrogations. Ce qui peut être marrant si vous allez bien. Mais agacer relativement si vous êtes aux abois. J’ai apprécié la séquence du premier rabbin qui parlait de changement de point de vue. Pour retrouver son chemin, il faut regarder différemment. Ce qui m’a fait rire c’est que les deux hommes se trouvent dans un tout petit bureau et que le rabbin n’a rien d’autre à montrer de « merveilleux » au héros qu’un parking de zone industrielle. La démonstration tombant complètement à plat. Néanmoins, elle prend tout son sens lors de la séquence du réglage de l’antenne de télévision. Le professeur doit monter sur le toit pour accomplir la tâche. De là-haut, il a une vue imprenable sur le jardin clôturé de sa voisine, très « femme libérée » bronzant nue. Avant cela, il ne savait probablement pas qui était sa voisine et le fait qu’elle avait des mœurs plus légères que les siennes. Il est fasciné car le point du vue du toit lui propose de l’inédit. C’est intéressant.

Autre point intrigant. Le parallèle entre le professeur et son fils. Le film commence avec eux deux. Le professeur passant des examens médicaux dont on aura les résultats en fin de film (tin tin !). Le fils qui écoute une chanson mythique « Somebody to love » en cours d’Hébreu et finit par se faire confisquer son poste dans lequel était rangé l’argent qu’il devait à son revendeur de marijuana. Les deux personnages masculins passent très peu de temps ensemble mais leurs lignes de destin sont assez proches. Parallèles. Chacun tentant de rester à flot autant que faire se peut. Le père vivote dans son motel miteux en stand-by (attente des résultats médicaux, du divorce et de sa titularisation définitive). Le fils prépare sa Bar-Mitsva en espérant récupérer son poste pour payer sa dette. Que des objectifs à atteindre. Et des aléas à supporter. Seuls. A côté d’eux, leurs voisins. Un père et son fils. En permanence ensemble. Jouant au baseball. Revenant couverts de sang de la chasse avec un cerf sur le toit de la voiture. Le vrai modèle de la famille américaine. Ou le père apprend à son fils à devenir un homme à l’ancienne. Un homme qui ramène la pitance à domicile. D’ailleurs, dans cette famille, on ne voit pas de femmes. On ne voit pas de mère. Comme si elle était consignée à la maison. Ces deux notions de la famille me sont bien apparues mais d’une certaine manière, je n’ai pas compris pourquoi elles étaient là. D’autres séquences plutôt amusantes dispersées ici et là. Un peu partout. Un élève coréen pas très doué qui fait croire à son professeur qu’il n’a pas tenté d’acheter une bonne note en lui remettant une enveloppe bourrée de billets. Qu’il nie après coup lui avoir donné. La Bar-Mitsva du fils qui relève du miracle de Noël (je ne vous raconte pas !! Ah ah !). Des personnages drôles. Comme celui de l’amant de sa femme, ancien ami de la famille. Se comportant avec le cocu comme un père de famille affable et plein de compassion. Apparaissant tel un dibbouck dans la vie du professeur. Agissant comme une bonne ou une mauvaise conscience ? A vous de voir. Un film plein de bons éléments. Mais dont je n’ai ni saisi la construction ni attrapé le sens. Est-il question de chance ? De choix ? De  fatalité ? Du mal qui est partout et nous frappe sans qu’il y ait de raison rationnelle ? De notre impuissance ? De point de vue ? Ou de tout ça en même temps ?

Résultat. Je me suis sentie comme si je sortais, moi aussi, de chez le Rabbin. Pleine d’énigmes en tête et pas une réponse. Des anecdotes de dents de « goy » marqués de lettres hébraïques. De mystères supplémentaires. Deux points d’interrogation dans les pupilles. Un haussement d’épaules. Et un froncement de sourcils. Le même que je fais lorsque quelque chose me turlupine. A part cela, un joli travail de direction de la photographie. Une image très 60’s. Des acteurs vraiment bien choisis et parfaitement adapté à ce monde. On sent que Woody Allen n’est pas très loin. Mais pas tout à côté non plus. Un Woody Allen qui à défaut de taper dans le Prozac et le Lexomil, aurait préféré la Coke et l’ecstasy. Je dois probablement préféré le Prozac.

Suivant. Invictus de Monsieur Clint. Affiche, s’il vous plaît !

Que dire sur ce film… Bien. Très bien. Efficace. Bien carré. D’aucuns diront même « comme du papier à musique ». Un très beau poème de William Ernest Henley. Régulièrement cité. « I am the master of my fate… I am the captain of my soul »…De très belles séquences de rugby. Chocs des corps. Craquements des vêtements. Plaquages. Mêlées. Sang. Boue. Défaites. Victoires. Violence conventionnelle. Des gentlemen faisant un sport de hooligans. Tout ça, j’aime bien.

Je ne dirai rien sur la véracité historique des faits, n’étant ni une spécialiste de l’Afrique du Sud ni de Nelson Mandela ni des notions de colonisation et de décolonisation. Pour mieux appréhender ce film, je dois donc le regarder comme une fiction. Et là, tout de suite, j’ai un problème qui se pose. Une exposition trop courte. Mandela sort de prison, se présente aux élections et gagne en moins de deux minutes. Les doutes sur ses capacités à gouverner, les peurs des Afrikaners sont effleurés (la plupart du temps dans les dialogues) mais ne constituent pas les points forts de l’histoire. Et c’est pourtant de ça, entre autres, dont il est question il me semble. Les Blancs perdent la main sur le pouvoir. Ils ont peur d’être mis à la porte. D’ailleurs on voit cela dans la séquence où Mandela prend possession de ses bureaux. Les fonctionnaires font leurs cartons, prêts à être licenciés du jour au lendemain. Ce n’est pas parce que Mandela les rassure lors d’un discours que toute la population d’Afrique du Sud est apaisée…

Clint Eastwood a fait la part belle à la notion d’unité. Dans le film, Mandela mise sur le rugby pour souder son pays. Se base sur les valeurs positives d’un sport colonial. Le but politique étant de garder l’attention et la confiance des blancs et de faire grandir le peuple noir par le pardon. C’est joli. C’est très chrétien quoi. Bel enfant, tends donc l’autre joue. Pourquoi pas après tout. La personnalité de Mandela aurait gagné à être épaissie dans son rapport aux autres personnages. En l’occurrence à celui de François, le capitaine de l’équipe de rugby. Car le rapport Mandela/François n’évolue pas. Dès le départ, François ne semble pas craindre les changements que Mandela veut apporter au pays. Il est facile à convaincre. D’une certaine manière, un François plus inquiet de son avenir, moins sûr des capacités de son président et ne lui accordant (du moins au départ) que très peu de confiance, aurait permis plus d’intensité dramatique. Un Mandela confronté à un Afrikaner hostile dont il dépendrait pour créer l’unité, l’aurait mis en doute. Sur sa volonté d’aller vers un changement humaniste et non agressif. Sur sa ligne de conduite personnel. Sur son pardon. Aussi, la séquence où François visite la geôle de Mandela et prend conscience qu’il a à peine la place d’y étendre ses bras (ça aussi, j’ai apprécié !), aurait été plus révélatrice. François aurait été d’autant plus admiratif du courage du chef d’état. D’autant plus fier de défendre ses couleurs par le sport. Je me dis que ces remarques ne sont peut-être valables que si on considère le film comme une simple fiction où les personnages n’auraient pas été tous réels. En disant cela, je pense à l’admirable « Dernier Roi d’Ecosse » où nous avions à faire au face à face entre Amin Dada et un jeune médecin européen imaginaire. Mais ce n’est pas le cas ici. Donc…

Quoiqu’il en soit, l’émotion est là. Et la victoire des Verts et Or (couleurs de l’équipe de rugby d’Afrique du Sud) est bien la victoire de tous. Les Blancs comme les Noirs. Pari gagné.

Voilà. Je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. Car il est tard. Que j’ai été maintenue en détention dans le bureau de mon patron pendant des heures. Je vais prendre la température de la liberté retrouvée.

A bientôt mes lecteurs si désirables,

Bien cordialement les gens,

C.P.A.

Je m’amuse à m’ennuyer

Posted in Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou », Petit trip zerbibien with tags , , , , , , , , on janvier 18, 2010 by cecilezerbib

Bonjour les gens !

Lundi matin. Les mêmes voisins de RER. Si j’en avais la volonté, ils deviendraient mes amis. La même pimpante et bien tassée cinquantenaire. Le même livre dans ses mains de cuir marron depuis des semaines. A croire qu’elle ne lit qu’une page par jour pour faire durer le plaisir. Ou l’inverse.

Le même homme sans âge. La rage et la soif d’apprendre l’anglais. Anglais de Wall Street Institute. Cahier de travaux pratiques vert clair. Des illustrations partout. Château de Windsor. Chapeau orange de la Reine. Gardes royaux à moumoute. Taxis noirs olive. L’homme sans âge et son critérium à gomme blanche. Gomme arrondie par la dureté des erreurs.

Juste à côté, comme tous les matins, la même jeune fille blonde aux yeux verts d’eau. Pâle. Plutôt jolie. Jolie étrange. Transparente et inconsistante. Comme une plume. Semble pouvoir s’envoler au moindre soupir. Toujours le même rituel. Banal pour certains. Ahurissant pour moi. Spectaculaire même. Elle se maquille. Ici. Devant tout le monde. J’ai tendance à penser (peut-être à tort… Mais c’est mon point de vue après tout !) que la séance de maquillage du matin est assez personnelle. Intime. Comme lorsque vous prenez votre douche. Vous explosez des points noirs. Vous faîtes un masque à l’argile verte. Vous promenez tout nu pour aller chercher des chaussettes dans la buanderie. Ou vous épilez les jambes. Elle me met mal à l’aise. J’ai toujours l’impression qu’elle va me demander de participer. Devant moi, l’agilité d’une jongleuse, l’adresse d’une équilibriste. Coups de frein, bousculades, entrées et sorties. Elle ne craint aucune perturbation. Un miroir dans une main. Un crayon dans l’autre. Yeux ouverts comme pour exprimer la peur et la surprise. Un film expressionniste allemand. Un théâtre de mime. Des coups de brosse sur les cils. Pas une bavure. Pas une erreur. Battements de cils appuyés pour valider le travail effectué. Regard de profil. Le droit puis le gauche. Sourire de connivence avec son reflet satisfait. Tout l’outillage de maquillage dans une trousse grande comme la main d’une enfant de 10 ans. Jeune fille blonde transparente fouille dedans avec énergie, dispensant ainsi des petits bruits de bakélite. Trousse de Mary Poppins au contenu interminable. Le miroir change de main. De la poudre et des paillettes sur les joues et sur les yeux. Des fantômes de produit volètent dans l’air avec grâce et font briller un monde terne aux sièges violets et à la carcasse jaune effrontée. Trousse trifouillée de l’intérieur. Comme des bruits de gouttes de pluie frappant à la vitre. C’est la touche finale. La pose du pétale de rose sur les lèvres. Signature. Terminée. Trousse jetée dans un sac sans fond. Jeune fille clôt ses paupières et s’enfuit dans un sommeil trop léger pour être rêvé.

Le même chanteur guitariste chante « Wonderwall » d’Oasis avec le nez. Eternel jeune homme à presque 40 ans. Probablement. Résultat malheureux d’un mixage entre Brad Pitt et Stéphane Rousseau. Plein de manières. Combattant la puissance sonore du train avec sa seule voix brisée de petit rockeur. En vain. Des dizaines de personnes en présence. Tous l’entendent mais personne ne l’écoutent. Ils lui donneront une pièce ou deux pour le faire taire et l’envoyer dans le wagon d’à côté. Lundi matin sur la ligne A du RER. Premier wagon en tête. 9h19. Attention à la marche en descendant du train.

… Mais avant lundi, il y a le week-end. Les deux jours providentiels attendus par les salariés comme les Juifs attendent le Messie. Ou pas loin. Jours bénis où il n’est question de rien. Rien d’obligatoire. Rien que vous ne vous soyez imposé à vous-même. Exemple : moi dimanche c’est cinéma. Gavage total. Comme une oie. Après deux ou trois séances, j’en sors ivre. Et soyons honnête, c’est rarement de l’ivresse agréable. Rarement une tête qui tourne au Sauternes millésimé. Plutôt une cuite bien sale au vin de ménage. Vin tellement honteux qu’on préfère le servir dans une carafe plutôt que dans sa bouteille d’origine, en règle générale en plastique et moins attirante qu’une bouteille d’eau Cristalline. Je vais d’ailleurs vous parler de ce que j’ai vu hier. Pas très ragoûtant. Deux séances d’ennui où j’ai pu angoisser d’avance sur la semaine à venir. Et même penser à une liste de films que j’aimerais acheter à moindre coût pendant les soldes. Disons que je me suis perdue dans mes pensées et que j’ai laissé tout le beau monde projeté en Kodak Technicolor s’exalter sans moi. J’y reviens dans quelques minutes.

Le week-end peut également être le temps de la politique et de l’engagement. Je ne parle pas de moi. La seule cause qui m’implique est la mienne. Parce que, comme vous le savez, je suis une connasse. Egoïste et égocentrique selon la vile voyante de bordel ambulant de Télé7Jours. Mais je fraie avec des gens de bonne famille. Qui font des bonnes choses constructives pour le monde. Genre aider les afghans à l’abandon sur les berges de notre belle capitale. C’est ce que fait une de mes collègues de bureau. La fille y passe des journées, des soirées entières. Pour Noël, elle a quitté le bureau plus tôt pour préparer un festin pour 40 personnes qu’elle ne connaissait pas. Je le note sur ce blog car c’est le genre d’action que je trouve formidable… mais que je ne ferai jamais. Parce que je n’y pense pas. Je n’ai pas la démarche naturelle d’aller vers les autres. Trop occupée à gérer mes problèmes de petite-bourgeoise. Ma vie. Mes problèmes de peau. Mes engueulades au bureau. Mon blog. Mes rêves irréalisables. Mes cheveux secs. Mon portable qui plante. Mes pannes de réveil. Mes nuits sans sommeil. Mes cours de danse. Mes cours de langues. Mes cours de savoir-vivre. Mon rendez-vous qui s’annule. Mes séances ratées. Mes bus en retard. Mes découverts de fin de mois. Mes envies de voyages. Mes projets d’avenir. Mon scénario qui n’avance plus. Mes achats compulsifs et inutiles. Une corde à sauter. Une marionnette de doigt. Un diadème serti de diamants roses de plastique. Un porte-mine. Un briquet alors que je ne fume pas. Du vernis rouge que je n’oserai jamais porter. N’importe quoi. Un trop plein de détails encombrants et polluants. Sans importance. Comme tout le monde. Et pourtant, j’aurais adoré pouvoir dire que le monde me préoccupe et rentrer dans la bagarre des causes perdues (ou non). Tant pis. D’autres le font bien mieux que moi. Les citoyens du monde. Concernés par tout. Touchés par tout. Au milieu des évènements mais aussi incapables que moi de les anticiper ou de les résoudre. Lucidité et impuissance.

… Moi, je préfère me trouver un coin chaud pour oublier la vraie vie pendant quelques heures. Cinéma. Deux ou trois films à l’affilée. Deux cette semaine comme je vous le disais.

Le premier. Suspense. Un film d’une grande dame du cinéma. Néo-zélandaise. Une dame qui a grandi dans le décor du « Seigneur des Anneaux ». Jane Campion.

Le titre du film « Bright Star ». Etoile étincelante. Joli. Reprise du titre d’un poème de John Keats dont il est question. Le film raconte son histoire d’amour avec une styliste à la mode Fanny Brawne. Je ne l’ai pas aimé. Pas du tout. Je me suis énormément ennuyée. Ce qui m’a le plus dérangée, c’est l’absence de mise en valeur des textes de Keats. Cités en voix-off et décorant des images bucoliques d’herbes hautes, de belles forêts anglaises et de papillons multicolores tournoyant autour de jeunes têtes romantiques. Ou pire : intervenants au beau milieu des conversations. Fanny a aimé des vers… Qu’à cela ne tienne, elle nous les sort comme ça, sans préambule. Le film m’a fait l’effet d’une pièce de Molière qu’on fait lire en classe à des élèves de 5ème. Les intentions de l’auteur et de son texte s’en trouvent dénaturées. Molière écrivait des comédies. Le but étant de faire rire le public. Keats écrivait des poèmes. Le but étant de créer de la beauté. Dans les deux cas, la lecture à haute voix dans une classe et ce film ne provoquent qu’un oubli du génie et la création d’un embarras profond. Ennuyeux. Long. Laborieux. Les textes de Keats sont stylisés, il est difficile de les recevoir d’un seul bloc dans les dents. Pourtant, les acteurs sont bons, la campagne est belle, le poète référence est un vrai héros romantique (mort à 25 ans de tuberculose et publié majoritairement à titre posthume). Probablement pas d’humeur fleurette, muguet et 1er mai.

Au suivant ! J’appelle « Esther ».

Un sentiment de déjà-vu au moins 10 fois. L’enfant qui fait peur. L’enfant psychopathe. La Malédiction et tous les autres. La petite fille impeccable et polie. Séduisante. Trop gentille et sociable pour être honnête. Commence à menacer les enfants de la famille d’adoption. Fait peser le doute sur la mère qui a failli par le passé : alcoolisme, fausse couche, tromperie ou accident de voiture ayant provoqué la mort de quelqu’un. Le père étant toujours le dernier à découvrir le pot aux roses (souvent à ses dépens d’ailleurs !). Les effets de suspense datant des dents de lait de ma grand-mère sont répétés avec une telle application qu’on ne réussit même pas à rire de sa propre peur et de ses sursauts. La mère ouvre le frigo et le referme. Musique de la chair de poule. Rien. Et cela 4 ou 5 fois dans le film. Le miroir de la salle de bain ouvert. Musique de la chair de poule et de la frayeur intense. Fermeture. Toujours rien. Séquence répétée 5 ou 6 fois. Au secours. Le réalisateur nous prend pour des spectateurs de 1932. On ne découvre pas le passé de la fillette au fur et à mesure. C’est bien dommage. J’aurai préféré me poser quelques questions et surtout imaginer le pire. Me faire peur toute seule. Car c’est bien le but de ce genre de ce film. C’est jouer à se faire peur. Jouer à faire « Bouh » en se plaquant dans les placards. Là, j’ai le sentiment que le réalisateur nous a prévenu où était sa cachette et quand il allait en sortir pour nous effrayer. Aucune surprise. Donc aucun charme. Aucun intérêt.

… Voilà. Je vous quitte sur ce mot que je trouve exquis et dont j’use (et abuse) quotidiennement. Vous souhaite une soirée formidable. Et de rester désirables évidemment. Pour ceux qui ne le sont pas naturellement.

Bien cordialement les gens,

C.P.A.

Des accidents cinématographiques

Posted in Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou », Le petit jeu de patience du RER A, Petit trip zerbibien with tags , , , , , , , on janvier 15, 2010 by cecilezerbib

Bonjour les gens !

Avant de me lancer dans une nouvelle tentative de billet cinématographique, je ne dirai qu’un mot. Record. Je ne donnerai qu’une donnée chiffrée : 80%. 4 jours sur 5. Presque un carton plein. Un bingo de retards. Une loterie d’intempéries. D’avaries. De chutes de neige. De suicides. D’incidents voyageurs. De malaises voyageurs. De manifestants sur les voies. De caténaires sur les voies. Et parfois, parfois seulement, des retards pour rien. Des retards pour rire. Des retards sans prévenir. Des retards pour rester cohérent avec une semaine entière de retards. Comme d’habitude, et pour la dernière fois de la semaine, la preuve par l’image :

… Bien. Clôturons comme il se doit notre concours RATP de la semaine du 11 janvier 2010. Et passons au vif du sujet. Ouais direct. Tout de suite. Maintenant. Sans introduction. Sans digression intempestive. Vlan ! Boum ! Paf ! Le billet du jour dans les dents. Dans la tête. Et dans les yeux.

Comme le titre l’indique, nous allons tenter de parler de cinéma. Pour la deuxième fois de la semaine. Décidée à rester dans un esprit de défaite jusqu’à dimanche soir, jour qui sonnera le glas d’une semaine riche en embarras en tout genre. Car c’est sciemment que je vais rater ce billet « Cinéma Tchitchaa ». Je vais toucher le fond. Je vais nager dans cette direction. Et si le chemin est sympathique, peut-être que j’y resterai un peu. Que je déciderai de ne faire que des billets de cinéma qui ne seraient pas « Tchitchaa ». Plutôt « pfffiou-pffiou ». Venteux et inintéressant. Traînant de la savate. Mal rasé et avec l’haleine du matin. Je pourrais enfin parler des films que je classe avec ma sœur depuis des années. Des films tellement médiocres qu’on en oublie les titres. Des films montés comme des films IKEA. Interchangeables. Se ressemblant comme des frères et sœurs. Des chorégraphies urbaines. Des histoires d’amour plus que possibles mais qui sont compliquées quand même. Des vocations dissimulées. Des combats de coqs. Des batailles de poulettes. Des entraînements intensifs. De la sueur. Des corps désirables (ben oui !) se rapprochant par la force de l’art et des sentiments. Et des hormones également. Des concurrents prêts à toutes les perfidies. Le gentil qui gagne dans une standing ovation. Le méchant qui perd sous les huées. La reconnaissance du talent. Des strings et des pantalons trop grands. Des cambrures de filles. Des muscles de garçons. Des casquettes à l’envers. Et des brushings impeccables. Des sourires très blancs. Des sourires qui brillent dans la nuit et permettent de retrouver ses clés de voiture échoués au fond du sac. Quelques titres pour réveiller des instants de votre prime jeunesse perdue : Save the last dance 1. Et 2. Sexy Dance 1. Et 2. Dirty Dancing 1. Et 2. Toujours un 2. Qu’on a rarement eu le temps de voir passer par la case cinéma. La faute à un complot des distributeurs les faisant sortir au beau milieu du mois d’Août. Mois durant lequel votre péché mignon était de danser la Macarena ou de vous frotter jusqu’à l’étincelle sur Papi Chulo.

Bref. J’aborderai ce sujet-là plus tard, avec méthode, utilisant les manuels analytiques de Monsieur Michel Chion, professeur spécialiste en art cinématographique. Enseignant dans une université parisienne. Ayant un nom qui me donne envie de le répéter plusieurs fois en insistant sur le –ion. Chi-on. Encore un qui a du prendre quelques coups à la récréation. Encore un qui a du voir un sourire se dessiner sur le visage de ses professeurs lorsqu’ils faisaient l’appel. Monsieur Chion. Enfin. Ce n’est pas le sujet.

… Je voulais parler d’une réplique « culte » de ma mère, la bien surnommée « Mimiche ». Elle ne cesse de me la répéter dans un grand éclat de rire dès qu’il se met à neiger. Je cite :

« A pas les dents. Jette à la neige. »

Ouais. A pas les dents, jette à la neige. Phrase qui ne semble évidemment pas dire grand-chose. Comme ça. Hors contexte. Sachez que pendant des années, Mimiche (qui n’est jamais la dernière pour fabriquer de la bonne sortie de derrière les fagots… Même de derrière ce qu’il y a derrière les fagots) n’a jamais voulu m’expliquer d’où elle provenait. Elle la jetait dans la pièce. En pouffant. Et le reste du monde la regardait, les yeux ronds. Un « Oh il neige dehors » suivi aussitôt d’un « A pas les dents, jette à la neige ».

Précision : elle accompagnait la deuxième partie de la phrase d’un geste impliquant un « jet ». Il y avait donc vraiment un sens caché. Des années de recherches plus tard. De recherches sur Internet. De sondages dans la famille. De lectures de livres divers et variés. De projections de films, de dessins animés, de reportages, de films de famille. Rien du tout. Une phrase comme une énigme. Le « Rosebud » de Mimiche. Sauf qu’on n’est pas dans « Citizen Kane ». Mimiche n’est pas un milliardaire influent, ami des arts, directeur de journal et isolé dans son Xanadu. Mimiche doit parler. Alors je l’ai mise au supplice. L’information contre le choix de son numéro comme numéro illimité sur mon forfait téléphonique. L’information contre une session de lecture de mes SMS. L’information contre le récit de toute ma soirée de la veille. Négociation vaine. Est alors arrivée le temps des menaces. Je n’appellerai plus jamais pour signifier que je suis bien arrivée ou bien partie. Pour lui donner le timing de mes déplacements. Plus rien. Je ne lui répondrai plus. L’œil humide tentant une dernière fois un air de défi, elle craque et cède.

Mystère levé sur « A pas les dents, jette à la neige ». Un peu déçue. La phrase serait issue d’un film. Vague. D’un vieux film. 1960. Anthony Quinn. En esquimau. Qui vit avec sa femme dans un igloo en dehors de toute civilisation. Qui ne sait même pas ce qu’est un vélo. Ou une lampe torche. Ou un téléphone. Ou un post-it. Et surtout qui ne fait pas le lien entre le fait d’accomplir l’acte sexuel avec madame et son ventre bien enflé après quelques mois. Je vous laisse imaginer sa tronche le jour de l’accouchement. Il voit une tête sortir. La même que la sienne à échelle 1/30e. La trouille de sa vie probablement. A côté d’un évènement aussi bizarre, la chasse à l’ours blanc devient l’équivalent d’une partie de flipper dans un bar PMU. Accouchement donc. Madame pousse. Ecarlate. Les vaisseaux prêts à péter dans le corps entier. Le bébé expulsé dans un bruit de bouchon de champagne. Et un fil qui le suit. Anthony Quinn qui est un vrai mec à l’ancienne, n’utilise ni son couteau ni sa machette. Il attaque le serpent suiveur avec les dents. Bébé qui hurle. Poumons qui se développent. Froid qui saisit. Je précise de nouveau : les parents vivent dans un igloo au milieu de la banquise. Anthony Quinn déguisé en esquimau qui regarde la bestiole gémissante et couverte de détritus. Ne comprend même pas de quoi il s’agit. Le regarde avec inquiétude. Inquiétude accrue par les aigus. Le perçant du cri. Une boîte de résonnance dans une mini-personne. Crainte de le faire tomber. Glissant comme un poisson hors de l’eau. Et d’un coup, surprise terrible. La chose n’a pas de dent. Anthony Quinn qui met son nez dans la mini-bouche. Fourre le doigt dedans. Horreur. Pas de dent. Pas une. Aucune. Comment va-t-il faire pour manger ? Impossibilité de garder un tel fardeau. Avec un handicap. Ne pas avoir de dents similaire à ne pas avoir de bras. A ne pas avoir de jambes. Ou dans notre société, à ne pas avoir de carte bancaire. Ou de portable. Ou de Coca-Cola au réfrigérateur le vendredi soir. C’est sur ce constat d’échec de fabrication qu’Anthony Quinn lance un « A pas les dents, jette à la neige ». La solution ultime à tous problèmes étant de jeter les choses à la neige. Probablement parce qu’il n’y a ni de poubelle publique ni de perron d’église dans le désert de glace.

Voilà la petite histoire de la vanne bizarre de Mimiche. Pour information, j’ai fini par retrouver le film ! Un film de Nicholas Ray. Réalisateur de « Johnny Guitar » et surtout de « La Fureur de Vivre ». Mimiche a l’âme cinéphile sans même s’en rendre compte. Un très bon titre. Très à propos avec l’article ci-dessus. Les Dents du Diable. Ce n’est pas une blague. Je viens de le découvrir. Temps réel sur ce blog. On ne perd pas les bonnes habitudes. Les Dents du Diable.

… Et qu’est ce qu’on en fait du diable quand on est Esquimau ? Hein qu’est ce qu’on en fait ? On le jette à la neige ! Pour les curieux, voici un petit lien pour en savoir plus : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=5505.html

Elle est bien pourrie cette rubrique cinéma. Je ne suis pas peu fière de moi. Elle aurait pu être meilleure. Vraiment. Sans prétention. Parce que l’autre soir, j’ai pris mon courage à deux mains et à deux pieds pour braver le froid. Normalement, le jeu en valait la chandelle. J’estime qu’on peut mourir d’hypothermie pour Clint Eastwood.  Et un film qui rime avec anus. Invictus. Nelson Mandela. Afrique du Sud. Moi, ça a réussi à me faire rêver. Donc je me suis déplacée. J’avais même réservé ma place sur Prompto. L’outil Internet qui est sensé vous enlever le stress de la file d’attente et des séances complètes. Ou pas. Ou pas, parce que, pour cela fonctionne, il faudrait surtout éradiquer les cons. Les « qui ne comprennent pas les écriteaux ». Les « qui essaient de retirer des tickets qu’ils n’ont pas réservé ». Derrière lesquels vous êtes coincés. Parce que vous êtes poli. Et que vous n’osez pas doubler. Respect héréditaire de la notion de tour, de la notion de file d’attente. Vous attendez derrière des personnes qui appréhendent les bornes comme des australopithèques une pièce de monnaie. Vous voyez le temps passer. Essayez de frayer. En vain. Australopithèques pas contents. Tic tac, l’heure qui défile. Et tic tac, la réservation qui s’annule. La séance complète. Adieu Clint. Adieu le titre de film qui rime avec anus.

Pour résumer, création d’une nouvelle rubrique sur ce blog : le cinéma « pfffiou-pffiou ». Les sujets : les séances ratées, les mauvais films, les répliques à côté de la plaque (Exemple : dans la VF du film « Avatar », je n’ai pu éprouver qu’un immense torrent de joie de vivre lorsque le vilain colonel convoque le héros et lui sort tout de go « Vous avez fait le Venezuela. Ah le Venezuela, ce n’était pas un pique-nique ! ») et les commentaires de Michel Chion. Enfin non. Pas de commentaire. Risquerait de remonter le niveau. L’évocation du nom peut suffire.

… Je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. Vous souhaite un excellent week end. Vous recommande de jeter à la neige tout ce qui vous ennuie et vous empêche d’être désirables.

A bientôt les esquimaux,

C.P.A.