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Pessah : le jour où les Hébreux inventèrent l’Eurostar…

Posted in Cinéma Tchitcha!, Le cinéma « pfffiou-pffiou », Petit trip zerbibien with tags , , , , , , , , , , , on mars 31, 2010 by cecilezerbib

Hello les gens,

Depuis lundi, une comptine (un peu remasterisée par mes soins) me trotte dans la tête… En traversant la Mer Rouge à pieds, nous avons rencontré… Un grand chemin de fer qui nous a emmenés, tout autour de la Terre dans un wagon doré… Glauque, n’est ce pas ? Le wagon. La Shoah. Le tour de la Terre. La Diaspora. Je me rends compte que je fais de l’humour ashkénaze bizarre sans le faire exprès. Ce qui tend à rendre crédible l’hypothèse de l’un de mes amis. Un ami ashkénaze évidemment. Qui pense que, dans une autre vie, j’ai du commettre un forfait terrible comme de cacher des baies roses dans une salade Norvégienne ou de manger une choucroute avec du Ketchup, ce qui entraîna le courroux divin. « Celui dont on ne prononce pas le nom » (je parle bien de D-ieu là… Pas de Voldemort…) aurait donc prononcé sa sentence. Je cite (en substance) :

Toi, Yentl (parce que dans ma vie précédente, je m’appellerais Yentl et ressemblerais comme deux gouttes d’eau à Barbra Streisand), tes délires culinaires étant l’acte de Satan, tu seras condamnée à l’ultime peine !! (voix retentissante qui fait froid dans le dos. Avec les poils qui se soulèvent. C’est le Tout-Puissant qui parle tout de même ! Il ne peut pas avoir la voix de Tatayet…)… Tu vivras une vie de souffrance et d’incompréhension. Tu auras chaud. Tu auras les cheveux noirs. Les yeux noirs. Les pieds noirs. Finies les vodkas party avec les copains du Shtetl. Désormais, tu vas en bouffer du couscous ma grande ! Ah Ah Ah !!!

Et paf ! Le Grand Patron m’aurait jeté dans le corps d’un bébé Zerbib Sépharade. Sauf que dans ma tête, je serais restée une consommatrice de carpe farcie et de blagues douteuses. Théorie intéressante. Bien qu’invérifiable. Heureusement ou malheureusement. Encore une fois, question de point de vue.

… Tout autour de la Terre, nous avons rencontré… La Lune et les étoiles dans un bateau à voile… Etrange. La Lune et les étoiles dans un bateau à voile. Il y a rime certes. Mais c’est n’importe quoi. Aucun bateau à voile ne serait assez grand pour contenir la Lune. Deux ou trois étoiles, pourquoi pas. J’ai comme l’impression que l’auteur du texte original tente de nous faire passer des vessies pour des lanternes. Des pigeons pour des colombes. Des poneys pour des chevaux. Des chansons de Christophe Maé pour des chansons de Bob Marley. Mais à quelle fin ? Bruit de bouche signifiant que je n’en ai aucune idée. Et qu’en prime, je m’en balance éperdument.

… Tout ça pour dire que je n’ai pas travaillé sur mon article et que j’écris en totale improvisation. D’aucuns diront que j’aurais pu faire un effort. Que le lundi et le mardi ne sont pas faits pour les chiens. Même si rien ne prouve qu’à la base ces deux jours n’aient pas été créés pour eux. Rien. Pas moins que pour les chats ou les otaries en tout cas. Bref. Lundi et mardi, je n’ai touché ni à ma plume, ni à mon petit carnet de cuir sadomasochiste, ni à mon clavier de sténodactylo des années 40. J’avais mieux à faire. Je pratiquais une activité à la mode. A la mode de « chez nous ». « Chez nous » dans le sens « nous, les Zerbib Sépharades ». Lundi et mardi étaient des jours de fête et non des moindres, parce qu’il s’agissait de notre libération d’Egypte. Il y a quelques années. Quelques centaines d’années. Oui, nous n’avons pas la mémoire courte. Il faut dire que, pour citer les écritures (c’est toujours mieux que de dire des conneries…), « Les Égyptiens nous traitèrent avec méchanceté, ils nous firent souffrir et ils nous imposèrent de rudes travaux »… Soyons précis. Que sont-ce de « rudes travaux » ? C’est simple. Allez sur Google Images et tapez « Egypte ». Plein de monuments en grosses pierres. Des obélisques. Des portails gargantuesques. C’est très joli mais à mon avis, pour déplacer les pavés et les gravillons, il était nécessaire de s’y mettre à plusieurs. Oui, vous avez bien compris : les Hébreux étaient les ouvriers sans papier de l’époque. Les coups de fouet en plus. Ce qui prouve que l’humanité a fait de (très légers) progrès. Lundi et mardi, moi et ma famille légèrement étendue (car les fêtes ont la vertu de faire grossir les familles comme la nourriture un ténia) avons recréé les Dix Commandements de Cécil B. de Mille dans nos têtes. Pour me rassurer, je me dis que c’est mieux que de revivre la version mise en scène par Elie Chouraqui. Mine de rien, c’est plus amusant de voir une pestilence verte fluo poursuivre de vilains égyptiens en collerettes d’aluminium que d’entendre geindre des textes de Lionel Florence. En tout cas, moi je préfère. Remarquez, je ne suis pas objective. J’adore ce film. Le film de Cecil B. de Mille. Pour une seule raison : il me fait mourir de rire. Vraiment. Ce film est magique. Il détient tous les éléments qui en font pour moi, un film culte.

L’art du déguisement

Charlton Eston, déguisé tantôt en égyptien à mono couette et jupette, tantôt en hébreu à barbe de père Noël parlant sans gêne au nom de D-ieu. Impressionnant.

De l’époque où l’Actor’s studio n’existait pas encore

Le jeu théâtral qui pousse tous les comédiens à déclamer leurs sentiments en grimaçant. Parce que lorsqu’on pleure, on grimace. C’est logique. Le même jeu naturel qui vous dégoûterait presque d’embrasser qui que ce soit. Il suffit de voir comment Charlton attrape Néfertari, la pharaonne volage.

Petite aparté. Je défends cette fabricante de cocu antique. Oui, messieurs. Oui, mesdames. Parce que je vous rappelle qu’elle a été mariée de force avec son frère. Ce qui n’est pas très sain. A moins qu’on apprécie l’idée d’avoir des enfants qui ont les rotules à la place des yeux. Et deuxième argument, le mari en question a toujours des costumes trop petits qui le forcent à rentrer le ventre. Pas génial non plus.

… Et on rattrape la balle au rebond ! Le baiser de Charlton et de la pharaonne. Ne fait pas rêver la ménagère. En tout cas pas celle qui repose, bien assoupie, presque morte, en moi. Charlton chope la gosse comme une pinte de bière écossaise. A la cosaque. L’embrasse comme il la giflerait. A grandes volées. Prend ses bras dans ses mains comme un aigle prendrait un morceau de gigot dans ses serres. Beurk. Charlton Eston. Beurk. Le corps couvert d’huile de bronzage. La mèche blonde frisotante. Charlton Eston est le Schwarzenegger des années 60. Et qu’on se le dise, Moïse avait beau être le porte-parole de D-ieu, avoir ouvert la Mer Rouge en deux avec un bâton capable de se transformer en cobra (je veux cet accessoire !!), il n’avait rien de Conan le Barbare.

Je ne sais plus comment on en est arrivé là. Désolée. J’écris cet article entre 4 « urgences », un téléphone particulièrement décidé à m’embêter et une nouvelle voisine de bureau au verbe haut. Je détaille : au verbe non seulement haut mais également rapide et incessant. Ce qui peut expliquer ma difficulté à être claire et concise.

Des phrases chocs

C’est un véritable festival de l’humour. Chaque personnage a évidemment sa minute de gloire. Surtout les femmes. Elles sont belles. Elles sont sapées comme des reines du pétrole. Elles n’ont pas peur de la paillette, du strass et du gloss. Elles manient le verbe comme une arme de poing. A défaut d’avoir des muscles saillants… Celle que je placerai en tête de gondole, c’est Nefertari. Parce qu’elle a des robes que je rêverais d’avoir mais dont je ne saurais évidemment pas quoi faire. Elle, elle les porte. C’est ma poupée Barbie cinématographique. Nefertari est également ma petite préférée parce qu’elle a la vanne la plus cool et sympa du film. Contexte. Elle apprend par une servante, Memnet (qui ne fera pas long feu… Lire la suite…) que Moïse est en fait un hébreu adopté par la sœur du pharaon. Ce que tout le monde ignore. Ou fait semblant d’ignorer. Memnet menace Nefertari de divulguer ce secret afin de s’assurer que Moïse ne montera pas sur le trône d’Egypte et par conséquent, ne portera jamais la couronne blanche en plexiglas qui probablement brille dans la nuit (et fait son petit effet en soirée). Nefertari qui, malgré ses belles robes et ses dents blanches, est une sacrée friponne, tente de faire taire l’insolente par une menace. Une menace terrible. Une menace qui, normalement, aurait du l’inquiéter. Je cite : ta langue creusera ta tombe Memnet. Personnellement, si quelqu’un me sortait cette phrase, je garderais le silence. Peut-être parce que je sais ce qui arrive à ceux qui justement ont une langue en forme de pelle. Pauvre Memnet. En voilà une qui (oups !) s’est trop penchée en regardant par la fenêtre. Et surtout qui aurait mieux fait de fermer sa grande gueule. Sérieusement. Elle est servante. Elle n’a aucun intérêt particulier à déterrer le secret de Moïse. Ce n’est pas comme si elle était une cousine de second degré qui pourrait grappiller des miettes de pouvoir. Que dalle. Memnet, c’est juste une employée zélée qui balance ceux qui piquent des stylos ou arrivent en retard au bureau le matin. Comme quoi, il faut vraiment toujours se méfier de ses supérieurs. Et éviter de faire de la lèche. Incontestablement, cela ne lui a pas servi.

R.I.P. Memnet.

La deuxième gonzesse que j’apprécie, c’est Séphora. L’épouse aimante de Moïse. Et patiente aussi. Parce qu’être l’épouse d’un prophète n’est pas de tout repos. Exemple : il va chercher une de ses chèvres perdues dans la montagne. Grimpe. Grimpe. Grimpe. Il est fort. Il est vaillant. Il a le bronzage doré. Il a une barbe de trois jours. Il est l’Homme Hugo Boss avant l’heure. En 5 minutes, il redescend. Et paf ! Ce n’est plus du tout le même homme. Il a le regard illuminé. Normal, il a vu un arbuste en feu. Il a entendu une voix. Il doit libérer ses frères. Tout de suite. Maintenant. Il veut partir. Sans attendre que la machine de blanc soit terminée. Et si ce n’était que ça ! Le mec a pris 30 ans dans les dents. En 5 minutes ! Parce qu’il a vu un arbuste en feu. Parce qu’il a entendu une voix. Parce qu’il doit libérer ses frères. Si cela arrivait de nos jours, Moïse serait parti tout seul en Egypte. Séphora aurait lancé une procédure. Il ne lui avait pas vendu ce genre de vie. Elle aurait besoin de se retrouver seule pour y penser. Elle aurait besoin d’un break. Sauf que Séphora est une femme à l’ancienne. Et Moïse, ses cheveux gris, sa barbe désordonnée et son bâton de berger magique (que je veux me faire offrir pour Noël) peuvent compter sur elle. C’est beau. Séphora est aussi une personne extrêmement intelligente dans la mesure où elle a capturé l’attention de son mari en faisant, ce que j’appelle, de la « non-drague ».

La « non-drague » est en réalité une technique de drague. L’idée est de faire penser à la personne visée qu’on ne s’intéresse pas du tout à elle. Exemple pratique : prenons le cas de Séphora. Lorsque Moïse débarque dans la vie de la famille de Jétro (le père de Séphopho… Pardon mais c’était pour la rime…), ce dernier qui est bien encombré avec 7 greluches dans sa tente Quechua, veut lui en coller une sur les bras. Moïse aurait le choix du roi. Il montrerait du doigt et la désignée deviendrait son épouse. Le souci est que Moïse est littéralement hanté par le souvenir de Nefertari (avec qui il jouait à touche-pipi dans la salle du Trône depuis des années) et de son Chanel numéro 5. Il ne veut pas choisir. Jetro, de nature orientale lourdingue, insiste et sous-entend qu’il serait offensé s’il n’en prenait pas une. Et de préférence, celle qui avait le meilleur coup de fourchette. Moïse se voit contraint d’accepter. Jetro organise donc une petite cérémonie où les pouffiasses doivent effectuer une danse des 7 voiles pour séduire l’homme Malboro sans cheval. Les dites pouffiasses, précisons-le, étant plus qu’excitées à l’idée de se marier et d’acquérir leur propre bouteille de Butagaz. Et c’est là que Séphora a trouvé la feinte pour se faire choisir. Elle refuse de danser pour Moïse. Elle se met en mode « femme libérée ». Elle se démarque du lot.

Et Moïse qui ne demande que nouveauté et surprise la voit enfin comme une potentielle partenaire de vie, de lit et de pique-niques dans le bois de Vincennes. La grande classe. Ce que j’aime le plus chez Séphora, c’est qu’elle a l’intelligence des « filles du vingtième siècle » mais avec un vocabulaire d’époque. Je reprends ses mots lorsqu’elle parle de Nerfetari : Le vin du désir coule dans ses veines. Sous-texte : Néfertari est une catin couverte de satin. Tin-tin-tin. Elle a compris que Nefertari était une bombasse qui n’avait pas peur de serrer la main au « loup » et qu’elle ne pourrait jamais rivalisée. Elle a donc pris la porte de secours. Bravo Madame.

… Euh. Ça sera tout pour aujourd’hui. Je voulais vous parler de Pessah et je crois être passée à côté de mon sujet. Tant pis. Vous souhaite une excellente soirée. Vous recommande de regarder les Dix Commandements de Cecil B. de Mille, bien mon approche puisse vous en dissuader. Si je vous dis que cela vous rendrait désirables, vous le feriez ?

A bientôt les gens ! A vendredi !

C.P.A.